Rigoletto - Hanover - 22 juillet 2017
Rigoletto
Giuseppe Verdi
par Hélène Adam
Retransmission donnée le 22 juillet au
Maschpark d'Hanovre, sur NDR
Détail :
NDR Radiophilharmonie
Keri-Lynn Wilson : direction musicale
Stephen Costello : le Duc
Ludovic Tézier : Rigoletto
Nadine Sierra : Gilda
Franz Hawlata : Sparafucile
Varduhi Abrahamyan : Maddalena
Yajie Zhang : Giovanna
Martin-Jan Nijhof : Monterone
Matthias Winckhler : Marullo
Pour sa troisième Gilda en deux mois (Opéra
de la Bastille, Chorégies d'Orange et Hannover), Nadine Sierra confirme sa
parfaite adéquation au rôle. Elle en a l'âme, la silhouette, la fraîcheur, le
style et surtout le chant. Dès qu'elle apparait dans sa petite robe blanche de
jeune fille naïve et passionnée, virevoltant autour de son bossu-bouffon de
père Rigoletto, tout l'opéra tourne autour d'elle. Comme à la Bastille il y a
deux mois où j'étais dans la salle, je ne regarde presque plus qu'elle,
scotchée par sa présence et par son interprétation de rêve. Je le redis, c'est
la meilleure Gilda actuelle et une des meilleures vues et entendues. Rien que
pour elle, ce Rigoletto aurait valu le coup.
Mas il a d'autres atouts : sur la scène
montée à côté du château et protégée des intempéries par un immense toit de
verre (voir photo), l'orchestre en fond de scène, est tout simplement
magnifique sous la battue attentive et passionnée de la chef d'orchestre (un
métier où l'on manque singulièrement de femmes...) que j'avais déjà entendue
(et beaucoup apprécié) à à Munich, dirigeant Aida. C'est un peu la fête des
femmes d'ailleurs hier soir à Hanovre. La chef Keri-Lynn Wilson tourne le dos
aux chanteurs qui évoluent devant l'orchestre mais ils peuvent la suivre sur un
écran posé au sol et surtout, elle couve tout particulièrement d'une regard
attentif et admiratif sa belle Gilda tout au long de la représentation. On sent
une très grande complicité qui fait merveille dans le "Caro Nome",
puis plus tard dans le duo père fille "Si Vendetta" l'un de plus
beaux duos de Verdi (avec ceux de la Forza del destino).
Et la Maddalena de Varduhi Abrahamya n'est
pas en reste : c'est bien joué, bien chanté, la mezzo s'impose sans mal dans ce
spectacle en plein air absolument superbe.
Ludovic Tézier, en belle forme vocale,
impose un très beau Rigoletto, torturé par la malédiction, trop naïf lui aussi
et victime de l'erreur la plus funeste et la plus tragique qui ait été inventée
à l'opéra, il ne ménage pas sa peine et "joue" un vrai bossu boitant
sans la moindre hésitation affrontant les airs (et les aigus) du rôle de Verdi
avec le talent qu'on lui connait dans ce répertoire (et on regrette encore plus
qu'il n'ait pas pu chanter ce Iago tant attendu dans l'Otello de Londres fin
juin, début juillet).
J'ai beaucoup plus de réserve sur le Duc de
Costello, dont les aigus sont tirés et peu timbrés dès le "la" ce qui
est assez inquiétant pour la tessiture d'un ténor. Il joue bien et a parfois de
beaux moments (La Donna) mais l'essentiel n'est pas à la hauteur de ses
partenaires.
Très beau Sparafucile de Franz Hawlata, et
surprenant Monterone très jeune (et bien chantant) de Martin-Jan Nijhof.
Choeurs magnifiques et mise en scène
occupant très bien les lieux, de la bande de scène réservée aux chanteurs au
fond de l'esplanade où sont installés les spectateurs.
Le spectacle a été regardé en
retransmission TV en direct par 25 000 spectateurs. Un franc succès pour les organisateurs.
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