Siberia

 de Umberto Giordano

Opéra en 3 actes (1903, révision 1927)


Version de concert du 22 juillet 2017, Corum, opéra Berlioz à Montpellier.


Sonya Yoncheva,  Stephana

Murat Karahan,  Vassili

Gabriele Viviani, Gleby

Catherine Carby, Nikona
Anaïs Constant, La Fanciulla

Marin Yonchev, Ivan,  il Cosacco
Riccardo Fassi, Il Capitano, Walinoff,  Il Governatore
Alvaro Zambrano, Alexis, Il Sergente
Jean-Gabriel Saint-Martin, Il Banchiere Miskinsky, l’Invalido
Laurent Sérou, l’Ispettore

Chœur Opéra National Montpellier Occitanie
Chef de chœur Noëlle Gény / Jacopo Facchini
Chœur de la Radio Lettone
Chef de chœur Sigvards Klava
Orchestre National Montpellier Occitanie

Domingo Hindoyan direction
Chef de chant Anne Pagès-Boisset


Cet opéra rarissime de Umberto Giordano, Sibéria, inspiré tout à la voix de "Souvenirs de la maison des Morts" de Dostoievski et de "Résurrection" de Tolstoi, était encore disponible à la réécoute sur France Musique aujourd'hui, ce qui m'a permis de l'écouter dans la journée.
Autant dire que cette "Sibérie" c'est celle des bagnes des prisonniers Russes, bagne où la belle Stephana suivra son amant Vassili dans son exil glacé, et en mourra poursuivie par le criminel Gleby.
Bonne idée d'avoir exhumé cette oeuvre que je n'avais jamais ni vue ni entendue et qui est musicalement d'une très grande richesse orchestrale et lyrique.
On pense aux autres oeuvres de Giordano, notamment Andrea Chénier, certains airs du ténor ressemblant étrangement à la partition réservée au poète de la Révolution Française, mais aussi à Puccini. Riches mélanges de thèmes musicaux s'apparentant au folklore Russe (notamment les choeurs), et d'airs véristes typiquement Italien, qui sont extrêmement intéressants.
Je ne sais pas pourquoi l'oeuvre est tombée dans l'oubli car cet exil du compositeur Italien et de son librettiste, le talentueux Luigi Illica, vers la Russie du 19ème siècle, est une grande réussite à découvrir d'urgence.

L'oeuvre en version concert, retransmise uniquement à la radio, ne permet sans doute pas de suivre tous les détails de l'intrigue. 
Siberia mériterait une mise en scène et une reprise rapide maintenant qu'elle a trouvé ses interprètes et son chef (et son orchestre et ses choeurs de toute beauté). J'ai adoré la direction de Domingo Hindoyan, qui sait faire ressortir les moments de style musical très différents qui alternent et qui sont un peu la marque de fabrique de cet opéra, en tout cas à la première écoute.

Les interprètes sont de haute tenue, à commencer par la reine de la soirée, Sonya Yoncheva dont les origines bulgares et le chant Italien impeccable sont un peu la synthèse des intentions des auteurs. C'était pour elle une des premières incursions dans le vérisme mais ont sait qu'elle prépare Tosca et sans doute d'autres rôles qui exigent une tension dramatique qu'elle a maitrisé de bout en bout. Et je dois avouer que je suis absolument et totalemen séduite par sa voix, sa technique, ses nuances, son expressivité à tel point qu’elle me fait penser assez souvent ces dernières années à la Callas. Beaucoup de sopranos ont eu droit à cette flatteuse comparaison que je ne voudrais donc pas manier avec légèreté mais, concernant Sonya Yoncheva, il y a incontestablement quelque chose dans le grain de la voix qui fait songer à la grande soprano du siècle dernier.

Mais le ténor Murat Karahan en prince Vassili, ne démérite pas à ses côtés, aigus éclatants et chant parfois un peu en force mais les éléments de comparaison manquent en l'occurrence et il parait très convaincant à l'écoute. Magnifique Gleby de Gabriele Viviani et belle Nikona de Catherine Carby, délicieuse "Fanciulla" (jeune fille) d'Anais Constant

Bref musicalement excitant, on reste sur sa faim et on attends vite, vite, une mise en scène....(et pourquoi pas un nouvel enregistrement en effet...)



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