Soirée lyriques, opérettes et chansons, Semaine musicale de Quimper, 17 Août

Semaine musicale de Quimper
Du 10 au 18 Août 2017

17 août à 20h30 – Théâtre De Cornouaille
Grands airs d’opéra
“Un dialogue amoureux sur le mode lyrique”



Mathilde Etienne, Soprano
Emiliano Toro Gonzalez, Ténor
Romain Hervé, Piano



Programme
« Jurame»  de Maria Grever
« Granada » de Augustin Lara
«Vaga luna, che inargenti», chanson de Vincenzo Bellini
« Les chemins de l’amour » de Francis Poulenc
« Tonight », air de Maria et Tony dans West side story (Léonard Bernstein)
« L’air des bijoux» extrait du Faust de Gounod
« Ah ne fuis pas encore” (scène du balcon), extrait de Roméo et Juliette de Gounod

« Meine Lippen,  küssen so heiss » extrait de l’opérette de Franz Lehar « Giuditta»
« Dein ist mein ganzez Herz» extrait de l’opérette de Franz Lehar « Le pays du sourire »
« Duo de l’aveu »  extrait de La Périchole de Jacques Offenbach
« Le chanteur de Mexico » (Lopez)
« Zueignung » (Richard Strauss)

Solo de piano, extraits d’air d’opéras (Bizet, Puccini) et Lied de Schumann.


Programme un peu éclectique et parfois déconcertant (surtout au début) pour cette soirée dont il aurait fallu changer le titre et annoncer la couleur puisque mis à part Gounod (extrait de Faust et de Roméo et Juliette), tous les autres titres relevaient soit de l’opérette, soit de la chanson, et pas de l’opéra.
Elle a su garder malgré tout, une bonne tenue, les artistes ayant su lui donner un dynamisme et une gaité fort agréables.
 Hier soir dans la salle du théâtre de Cornouailles, le ténor Emiliano Toro Gonzalez  été le meneur de la soirée, avec sa verve et son talent et sans doute aussi, son expérience de la scène dans des circonstances variées. La jeune soprano Mathilde Etienne dont l'expérience et le répertoire sont plus limités, a largement participé à l'enthousiasme communiqué par son partenaire.
Pourtant ce n'était pas facile au départ pour nos artistes : la salle n’était en effet remplie qu’à moitié et sans doute difficile à “sentir” pour des chanteurs d’opéra qui ignorent quel est le degré de connaissances musicales de leur public tout en sachant qu’ils ont eux-même un répertoire limité.
Ils avaient fait le pari de laisser l’opéra de côté pour l’essentiel pour se concentrer sur le répertoire léger.
Et, à trois, ils ont réussi à rendre la soirée plaisante et bien agréable.

Commençons par la délicieuse Mathilde Etienne que je n’avais jamais entendue et qui est tout autant (et peut-être davantage) comédienne que chanteuse. Elle a beaucoup de grâce et d’élégance sur scène, chante pieds nus vêtue d’une robe longue et simple, et elle sait magnifiquement jouer de son corps sur scène, faisant naitre l’émotion qu’elle ne traduit pas toujours parfaitement par le chant.
Mais dans le répertoire léger, elle fait merveille, chante (et danse) très bien sa “Giuditta” . Elle est également formidablement à l’aise en Périchole et nous donne un “air des bijoux” fort bien interprété de tous les points de vue.
La jeune soprano a pris des risques, notamment dans le rôle de Juliette ou dans l’air de Francis Poulenc et il vaut mieux qu’elle oublie Strauss, dont les Lieder demande une toute autre voix et surtout une technique qu’elle ne possède pas.
Rien de rédhibitoire cependant, je tiens à le préciser et, même si son partenaire n’est pas du même niveau, elle a vaillamment tenu le choc et a eu, à juste titre, son lot d’applaudissements. Bravo à elle donc.

Le pianiste Romain Hervé tient très bien son rôle d’accompagnateur (rôle qui n'est pas si facile même s'il est discret et qu'on oublie souvent de féliciter) et a prouvé dans ses solos qu’il avait une très bonne maitrise de son instrument même quand il joue seul. 

Terminons par le ténor  d’origine Chilienne Emiliano Gonzalez Toro, que je commence à bien connaître pour l’avoir vu par deux fois cette année et une autre la saison précédente à Paris, et l’avoir à chaque fois remarqué pour son talent vocal et sa présence sur scène.
Spécialisé dans le répertoire baroque “loufoque”, j’ai eu l’occasion de l’entendre notamment dans le rôle de la nourrice “Lenia” dans l’Eliogabalo de Cavalli, surperbement mis en scène par Thomas Joly à l’opéra de Paris (Garnier) en octobre dernier, j’avais noté “Etonnant Lenia d'Emiliano Gonzalez Toro , très efficace également et omniprésent sur la scène. ». Quelques mois plus tard, en mars, cette fois au théâtre des Champs Elysées, il était à nouveau remarquable dans le rôle de Eurymaque dans “le retour d’Ulysse dans sa patrie” de Monteverdi.
Le jeune ténor sait allier le beau chant, sans perdre sa ligne de chant en route, avec les nécessités parfois acrobatiques de la mise en scène pour des rôles comiques qui doivent rester dignes tout en arrachant le rire, ce qu’il fait très bien.
Il avait également chanté et incarné magnifiquement à l’opéra Comique le Comte de Comminges dans Le Pré-aux-clercs de Hérold.
Il parle aussi bien le français qu’il le chante. D’ailleurs lui comme elle, hier soir, nous ont offert une très belle prononciation dans toutes les langues ce qui n’est pas si fréquent, et ne nécessitait donc aucun surtitre. Notons qu’Emiliano a chanté en Français, Allemand, Italien, Espagnol avec la même très belle précision de la diction et la compréhension manifeste des paroles qu’il chante.
Tout était bien chanté et il a donné une étendue de son répertoire, même s’il est resté hors de tout rôle dramatique ou tragique et qu’il apparait particulièrement à l’aise dans l’opérette et la chanson.
Il a une très belle voix capable de beaucoup de modulations et de nuances et c’était finalement un peu frustrant de ne pas l’entendre davantage dans des rôles un peu plus lourds. Son dernier « bis » (il en aurait bien donné d’autres apparemment), était un hommage à la chanson latino-américaine qu’il affectionne particulièrement, a-t-il précisé, du fait de ses origines Chiliennes.
Il a récemment sorti un CD « te recuerdo » en hommage au poète Chilien Victor Jara, dont la présentation était
« Te Recuerdo » est un hommage au poète et martyr chilien Victor Jara, dont les mélodies sont devenues des hymnes d'espoir, dans une époque où les arts en général, et la musique en particulier, portaient les emblèmes d'une résistance à la dictature.
C'est un hommage au peuple chilien, à tous les disparus, tous les exilés, à ceux qui ont porté, hors des frontières, la musique et les mots du Chili.
C'est enfin un hommage à mon père, Pancho Gonzalez, qui m'a appris toutes ces chansons, avec qui j'ai fait mes premiers concerts, et dont l'engagement sans faille a toujours été pour moi un exemple d'intégrité et d'espérance.
Je suis fier de partager plusieurs chansons avec lui sur cet enregistrement”


Le CD faisait suite à un spectacle sur le même thème monté avec la compagnie Zdenko.


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