Les Contes d’Hoffmann
Livret de Jules Barbier
Création : 1881
Opéra fantastique en un Prologue et trois
actes.
Le Prologue met en scène Hoffmann que la
muse en prenant les traits de son meilleur ami Nicklausse, se propose d’attirer
à elle, la poésie, en lui faisant renoncer à toutes ses amours passées. Dans
une taverne attendant de pouvoir rejoindre la belle Stella qui l’attendra dans
sa loge après la représentation de DonGiovanni, Hofmann entreprend de raconter
trois amours. Son amour pour Olympia que des lunettes magiques le feront
prendre pour une vraie femme alors qu’elle n’est qu’un automate, son amour pour
Antonia, à qui il est interdit de chanter car cela la tuerait, alors qu’elle
possède la belle voix de sa mère cantatrice décédée et son amour pour Giuletta,
la courtisane qui lui vole son reflet dans le miroir. Pour finir Hoffmann avoue
que ces trois portraits ne font qu’une, la belle Stella, la femme qu’il aime
aux multiples facettes.
Plusieurs versions existent qui entremêlent
les évolutions d’une partition qui peine parfois à retrouver sa cohérence.
Séance
du 31 janvier retransmise depuis l’opéra de Monte Carlo.
Metteur en scène :
Jean-Louis Grinda
Chef d'orchestre :
Jacques Lacombe
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Costumes :
David Belugou
Lumière
: Laurent Castaingt
Décors
: Laurent Castaingt
Chœur de l'Opéra de Monte-Carlo /
Chef de chœur : Stefano Visconti
Hoffmann : Juan Diego Flórez
Olympia - Antonia - Giulietta et Stella :
Olga Peretyatko
Lindorf - Coppélius - Dr Miracle et
Capitaine Dapertutto : Nicolas Courjal
Nicklausse : Sophie Marilley
Andrès - Cochenille - Frantz - Pitichinaccio
: Rodolphe Briand
Nathanaël : Marc Larcher
Hermann - Schlemil : Yuri Kissin
Luther : Antoine Garcin
Spalanzani : Reinaldo Macias
Crespel : Paata Burchuladze
La Mère d’Antonia : Christine Solhosse
La Muse : Vanessa d’Ayral de Sérignac
J’ai bien aimé la direction assez subtile
de Jacques Lacombe même si certains tempi sont déroutants, trop rapides ou trop lents (le son
de l’orchestre m’a paru un peu réduit pour les besoins de la retransmission par
rapport aux voix) et l’interprétation, certes plus légère et divertissante que
tragique de ces contes, qui épousait paticulirement bienune mise en scène plutôt
belle et adéquate de Grinda (atmosphère mystérieuse style David Lynch et récit
des différents actes fait devant un groupe d’étudiants) avec une jeu de lumière
esthétiquement très beau.
Petite scène, petite salle, petit théâtre,
ambiance “mini”, je crois que si on entre dans le jeu on oublie très vite ce
format un peu réduit qui ne retire rien ni à un formidable jeu d’acteurs de tous
les protagonistes ni à une harmonie générale des voix même si j’ai de ce point
de vue quelques réserves
Ce que fait Juan Diego Florez est vraiment
très beau et... très léger tout à la fois. Pour sa prise de rôle, il a osé
incarner un Hoffmann hors norme, adaptant en quelque sorte le rôle à ses
moyens. Son Hoffmann est parfois frustrant, surtout dans les moments tragiques où
les limites de son médium pauvre en harmoniques pose de sérieux problèmes, mais
il est également souvent bluffant
notamment dans les aigus lumineux qu’il balance comme personne et bien mieux il
faut le dire que la plupart des ténors lyriques plus traditionnels entendus récemment
en Hoffmann : dans l’ordre Ramon Vargas à Bastille, Vittorio Grigolo – le meilleur des quatre- à Londres, Michael Spyres à Munich.
Le choix de Juan Diego Florez est évidemment discutable
et je ne pense qu’il renouvelle l’expérience dans un théâtre de taille normale mais j’avoue avoir été plutot séduite par
cette incarnation très stylée, à la limite du bel canto, dans un français
impeccable.
On le sait, il l’a dit, le ténor péruvien
veut évoluer dans ses rôles et s’affronter à des personnages plus lourds et
plus épais que ceux que le bel canto lui réserve en général.
Je le préfère nettement en Hoffmann qu’en
Werther ce dernier rôle ne souffrant pas AMHA d’être supporté par une voix
aussi légère.
Olga Peretyatko faisait aussi sa prise de
rôle dans les quatre amours d’Hoffmann.
La belle Olga est plus crédible dans les
deux rôles extrêmes d’Olympia où elle est une assez irrésistible poupée
mécanique nymphomane et en Giuletta, courtisane rousse assez glamour et rouée, qu’en Antonia, où le caractère plus dramatique
et plus musical la met en difficulté. Elle défend plutôt bien son challenge
surtout dans le jeu de scène très réussi, même si sa voix couvre souvent celle
de JDF dans les duos et les ensembe avec orchestre, ils sont globalement bien
assortis tout comme d’ailleurs avec Nicolas Courjal qui possède une vois de
basse assez claire elle aussi.
Nicolas Courjal apparait même en
retransmission comme celui qui a la projection la plus importante du trio. Ses
trois “vilains” sont des méchants d’opérette, ce qui convient au traitement
globalement léger de l’opéra par l’ensemble des protagonistes.
Tout le monde semble jouer en permanence,
la vie, la mort, sans rien prendre au sérieux.
Et de ce point de vue les choix de
distribution sont globalement satisfaisants.
Saluons aussi le quadruple rôle de Rodolphe
Briand, très drôle, formidable interprète très en forme.
Plus de réserves sur le Nicklausse de
Sophie Marilley, bien joué mais pas toujours très bien chanté. Le rôle est
cependant assez réduit (en chant) dans la version choisie par l’opéra de Monte
Carlo.
Les autres rôles sont plus anecdotique.
Je crois qu’il ne faut pas rater cette
rediffusion : ces Contes atypiques sont presque une curiosité. En évitant les
comparaisons tant ils sont d’une toute autre eau, beaucoup plus légère et
sucrée que les performances vues récemment, parmi lesquelles je retiendrai d’abord
celle de Vittorio Grigolo au ROH à Londres qui a donné lieu à un DVD. Ils
ont pourtant leur charme.
Le DVD de Londres
Commentaires
Enregistrer un commentaire