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« La Haine », un opéra-rap choc à la Seine Musicale qui rappelle que tout reste à faire

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En 1995, sortait un film devenu immédiatement culte pour les adolescents et les jeunes d’alors, qui racontait sans fard et sans complaisance, la journée de trois jeunes de banlieue, en virée, et l’issue fatale pour l’un d’eux. Sur scène, la transposition est efficace et convaincante et a valu à l’ensemble des acteurs, chanteurs, danseurs et concepteurs, une chaleureuse standing ovation de la part d’un public qui a retrouvé ses émotions de jeunesse.   « Jusqu’ici rien n’a changé » C’est l’histoire d’un homme qui se jette du haut d’un building de cinquante étages et qui à chaque étage se dit « jusqu’ici tout va bien », l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.   Ainsi commence « la Haine » de Matthieu Kassovitz. Tourné en noir et blanc, situé au sein d’un grand ensemble de la banlieue parisienne avec une incursion dans la capitale, il témoignait au travers du récit de l’épopée tragique de trois jeunes, Vinz, Said et Hubert, archétypes des gosses des « quartiers », de la vi

Jarrel et Mahler, face à face très réussi pour la rentrée de l’EIC sous la direction de Pierre Bleuse

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L’Ensemble intercontemporain ouvrait sa saison avec deux créations du compositeur suisse Michael Jarrel, plus exactement deux « réductions » d’œuvres créées précédemment : son propre concerto pour piano et orchestre Reflections, créé en 2019 et la symphonie N°4 de Gustav Mahler dans la version créée en 1901 à Munich. Entreprise originale que ces deux « réductions » fort bien interprétées par un Ensemble intercontemporain qui montre sa capacité à passer d’une musique contemporaine très déstructurée à une conception plus classique même si elle comporte les audaces incontestables de Gustav Mahler notamment son dernier mouvement avec voix de soprano. Pierre Bleuse, l’inventif directeur musical de l’EIC, ouvre ainsi brillamment la nouvelle saison du répertoire contemporain. Il avait déjà mis en parallèle l’univers de Mahler, et sa symphonie Titan avec la première version du concerto de Jarrel. Intéressante mise en perspective d’œuvres traversées par une sorte de flux nerveux très prégnant. 

Munich : du grand Mozart grâce aux artistes

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Così fan tutte  à Munich, bravo aux chanteurs !   Séance du 27 avril 2024, Opéra de Munich Crédit photos Willfried Hösl.   Louise Alder (Fiordiligi), Avery Amereau (Dorabella), Sandrine Piau (Despina), Konstantin Krimmel (Guglielmo), Bogdan Volkov (Ferrando), Johannes Martin Kränzle (Don Alfonso)  Bayerisches Staatsorchester, Stefano Montanari (direction musicale)  Benedict Andrews (mise en scène), Magda Willi (décors), Victoria Behr (costumes.     Les opéras de Mozart ont une place de choix à Munich et Cosi Fan Tutte est une véritable institution. Depuis 1993, c’était la mise en scène de   Dieter Dorn   (et du fabuleux scénographe, Jurgen Rose), qui était reprise très régulièrement dans la capitale bavaroise.  J’avais salué alors une mise en scène très inventive et très moderne, qui créait intelligemment un cadre jubilatoire à l’une des œuvres particulièrement difficiles à éclairer et à laquelle tant de grands metteurs en scène se sont confrontés.  Cosi fan tutte ou «   l’école des

Munich, Cuvilliés Theater : Lucrezia/Der Mond

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Lucrezia/Der Mond : dynamisme et qualité pour deux oeuvres dans la même soirée Le Studio de l’opéra de Bavière (Opernstudio) créée une nouvelle production tous les ans avec l’ensemble de ces membres, mettant à l’honneur les jeunes chanteurs.  Cette année le choix s’est porté sur deux œuvres rares, datant toutes les deux des années 30, Lucrezia de Otorino Respighi d’une part et Der Mond (la lune) de Carl Orff d’autre part. Ayant décidé de regrouper ces deux œuvres et de les présenter dans le charmant bijou rococo qu’est le Cuvilliés Theater, niché au sein de la Résidence des princes de Bavière, il fallait pour respecter la taille de la « fosse », jouer des versions réduites. Les arrangements orchestraux pour petite formation musicale ont été assurés par Richard Whilds pour Lucrezia et  par Takenori Némoto pour Der Mond .  Les deux ensembles sont placés sous la direction de Ustina Dubitsky , elle-même ancien membre des chœurs d'enfants de l’Opéra de Bavière. La mise en scène des deu

Aida (Verdi) à l'Opéra de Munich, soirée exceptionnelle, Kaufmann, Guseva, Semenchuk, trio fantastique !

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Aida (Verdi) à l'Opéra de Munich, soirée exceptionnelle ce 25 avril, avec Jonas Kaufmann, Elena Guseva et Ekaterina Semenchuk Salle comble des grands soirs pour cette deuxième de la reprise d’Aida, mise en scène par Damiano Michieletto, avec le retour de Jonas Kaufmann, qui n’était pas revenu dans son théâtre depuis la Fanciulla del west en octobre 2022 soit près d’un an et demi auparavant. Or, qu’on le veuille ou non, le public de Munich apprécie ses chanteurs, et Jonas Kaufmann a été la star incontournable des dix années précédentes, durant l’ère de Nikolaus Bachler. Depuis lors, celle qui formait avec lui une dream paar idéale, Anja Harteros s’est mystérieusement retirée de toutes les scènes et singulièrement de celle de Munich où elle se produisait le plus souvent. Kaufmann est allé s’installé à Salzbourg et on le voit plus souvent au San Carlo de Naples et au Staatsoper de Vienne que dans sa native Bavière.   L'attente des grands soirs  Autant dire que le public frémissait

A la recherche des compositrices "oubliées" : Clémence de Grandval ce lundi à la BNF

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Après les compositrices Rita Holmès, Rita Strohl ou Jeanne Leleu, c’est au tour de Clémence de Grandval, de connaître une résurrection bienvenue grâce au travail de l’Association « Elles women Composer » qui nous livre un constat accablant concernant le travail « oublié » des artistes femmes. Concert à la BNF, découverte de Clémence de Grandval Ce lundi, comme pour le beau concert Jeanne Leleu , c’est la Bibliothèque Nationale de France, rue Richelieu à Paris, qui accueille musiciens et spectateurs dans sa belle salle ovale. Fiona McGown , mezzo-soprano, Raphaëlle Moreau au violon et David Kadouch au piano, nous donnent un bref mais chaleureux aperçu du talent de cette compositrice, née en 1828.  Elle a composé ses premières pièces à 10 ans, reçut une formation en composition par Friedrich von Flotow puis par Camille Saint-Saëns et au piano par Frédéric Chopin.  Elle-même artiste lyrique, elle compose plusieurs opéras, La Comtesse Eva , La Pénitente , Piccolino et Mazeppa et un St