Munich : nouvelle saison 2019-20

Munich : nouvelle saison 2019-20



L'audace et la tradition, dans l'excellence...

La nouvelle saison de l’un des Opéras les plus recherchés au monde, s’annonce, comme d’habitude et pour cette dernière saison dirigée par le tandem Nikolaus Bachler et Kiril Petrenko, audacieuse, novatrice tout en garantissant un nombre impressionnant d’opéras du répertoire dans des mises en scène classiques et modernes, anciennes ou récentes, avec des distributions souvent exceptionnelles, toujours de bonne qualité. Son titre : Kill your darlings.
Et il y en a comme toujours pour tous les goûts, en reprise comme en nouvelle production : du baroque à la création contemporaine en passant par Mozart, Rossini, Donizetti, Verdi et Puccini, Wagner bien sûr mais aussi Strauss et bien d’autres encore.
Les stars les plus prestigieuses et les plus recherchées sont également de la partie : à commencer par l’enfant du pays que Munich se félicite d’avoir à la maison, Jonas Kaufmann, tout comme d’ailleurs la trop rare soprano Anja Harteros, mais aussi Anna Netrebko, Elina Garança, Nina Stemme, Ervin Schrott, Simon Keenlyside, Ludovic Tézier, Diana Damrau, Aleksandra Kurzak, Michael Spyres, Roberto Alagna et j’en oublie…des moins connus mais qu’on a toujours plaisir à revoir.

L’audace s’exprime d’abord au travers des propositions de nouvelles productions et, à des titres divers (appréciation d’œuvres rares, curiosité pour des découvertes inédites, luxe des distributions), elles suscitent toutes un grand intérêt. Nul doute qu’un tel programme pourra en dérouter plus d’un :
- Phare de la saison, « Die Tote Stadt » de Erich Korngold (1920), cet opéra qui « en une seule œuvre regroupe tous les genres de l’opéra du milieu du XIXème au milieu du XXème » pour reprendre l’expression de Jonas Kaufmann présentant l’œuvre, où il incarnera pour la première fois Paul aux côtés de Marlis Petersen, sous la direction du directeur musical Kiril Petrenko et avec une mise en scène de Simon Stone. Première le 18 novembre. « Die Tote Stadt » sera reprise pour une séance lors du festival d’été 2020 dans le cadre de « L’opéra pour tous », avec retransmission en direct et sur grand écran.


- Suivra « The Snow Queen » de Hans Abrahamsen, ce compositeur Danois à qui l’on doit « Let me tell you», qu’on a pu entendre récemment à la Philharmonie de Paris avec Barbara Hannigan. L’opéra avait été commandé par le Royal Danish Theatre en coproduction avec l’opéra de Munich qui le présente donc à partir du 21 décembre 2019 dans une mise en scène de Kriegenburg (Le Ring de Munich ou les Huguenots à Paris) sous la direction de Cornelius Meister et avec Barbara Hannigan et Peter Rose.

En février c’est Bela Bartok qui sera à l’honneur puisque l’opéra de Munich nous propose des soirées couplant le « Concerto pour orchestre » et « le château de Barbe bleue », deux chefs d’œuvre du compositeur hongrois, où l’on retrouvera avec plaisir le couple Nina Stemme, John Lundgren, dans une mise en scène de Kattie Mitchell, et sous la direction de Oksana Lyniv.

- En mars un opéra de Verdi, I Masnadieri, sera à l’affiche à son tour, sous la direction de Michele Mariotti avec Diana Damrau et Charles Castronovo.

- Création mondiale encore avec ces « 7 deaths of Maria Callas » en avril, de Marina Abramovic, auteur audacieuse et controversée, qui se propose d’entremêler les destins tragiques de 7 héroïnes de l’opéra avec celui de Maria Callas.

- Le 1er avril également, mais au charmant petit théâtre du Cuvilliés, nouvelle production du rare « Mignon » d’Ambroise Thomas dans une mise en scène de Christianne Lutz et à la baguette le jeune chef français Pierre Dumoussaud (il n'a même pas trente ans mais a déjà fait parler de lui !)

- Le baroque pour l’ouverture du festival d’été en juin 2020 avec un Castor et Pollux de Jean-Philippe Rameau à la très belle distribution là encore, Emöke Barath et Edwin Crossley-Mercer notamment, sous la direction de Ivor Bolton et l’où on note le retour du sulfureux Hans Neuenfels à la mise en scène (Lohengrin à Bayreuth).

- Début juillet c’est un nouveau Falstaff qui sera proposé, dirigé par le maestro Kiril Petrenko (son deuxième « Verdi » après l’Otello, production phare de la saison en cours) : Wolfgang Koch, Boris Pinkhasovich et Aleksandra Kurzak seront parmi les interprètes.




Mais Munich c’est aussi (et surtout en nombre de représentations) ces magnifiques reprises du répertoire qui permettront de revoir les productions de cette année comme Otello dès septembre avec Jonas Kaufmann, Anja Harteros et… Ludovic Tézier (puis à nouveau en Juillet avec Roberto Alagna), Salomé ou la Fanciulla del west avec les mêmes distributions que lors de cette saison et de piocher dans toute une série de productions très récentes comme le Parsifal qui fit le bonheur du festival en 2018 (malheureusement sans Kaufmann et avec un Parsifal nettement moins performant, O’Neil, mais avec Anja Kampe, Georg Zeppenfeld et Simon Keenlyside), Orlando Paladino (magnifique distribution là aussi avec Adela Zaharia, Edwin Crossley-Mercer et Mathias Vidal) ou plus anciennes comme le magnifique Fidelio mis en scène par Bieito avec Klaus Florian Vogt (qui chantera aussi Lohengrin) et l’exceptionnel Don Carlo mis en scène par Jurgen Rose (le premier Don Carlo de Kaufmann pour moi), qui regroupe une distribution presque parfaite avec Anja Harteros, Ludovic Tézier, Elina Garança et René Pape, avec quelques réserves sérieuses sur le rôle-titre assuré par un Charles Castronovo dont ce n’est pas le répertoire.
Reprises aussi de der Fliegende Hollander, die Fledermaus, la Traviata, la Bohême, Le Barbier de Séville, Carmen, L'élisir d'amore, Hansel et Gretel, Lohengrin, Lucia di Lamermoor, Die Verkaufte Brau, Eugène Onéguine, Alceste  et j’en oublie.
Tout est ici :

Dans l’exceptionnel : Anna Netrebko chantera Turandot fin janvier, et sauf autre annonce, ce pourrait être sa prise de rôle (les prix sont salés…) et Placido Domingo chantera Nabuccho durant le festival d’été.

Pour ceux qui aiment Anja Harteros (dont je suis), signalons qu’elle sera ominiprésente pour notre plus grande joie puisqu’elle chantera Elsa, Desdemona, Tosca, Elisabetta et Leonora.

Et précisons quelques coups de cœur : Simon Keenlyside dans Rigoletto (avec la prise de rôle de Benjamin Bernheim en Duc), Michael Spyres et Gérald Finley dans Guillaume Tell, Igor Golovatenko (baryton russe à qui je prédis une rapide et méritée notoriété) dans Eugène Onéguine, ou le ténor   de "bel canto" qui "monte", Levy Sekgapane qui se produira dans le Barbier de Séville et dans la Cenerentola.

Quelques récitals sont également prévus notamment ceux de Jonas Kaufmann, Anja Harteros, Gérald Finley durant le festival d’été.

Kiril Petrenko donnera également trois concerts de la « Symphonie des Mille » de Mahler.

Bref, j’aurais plaisir une fois encore, à séjourner dans ce charmant théâtre à l’acoustique exceptionnelle et à la convivialité légendaire.


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