La saison 2018-19 du Royal Opéra House de Londres.
La saison 2018-19 du Royal Opéra House de
Londres.
Après Munich, Londres est sans doute
l’opéra où je vais le plus souvent hors les frontières. J’en
apprécie aussi l’ambiance d’un public d’habitués, même s’il n’a ni la fine
connaissance musicale des Munichois, ni surtout leur amour des artistes, ayant
la fâcheuse tendance de s’éclipser après un bref rappel quand les spectateurs
munichois peuvent rester à saluer les artistes durant vingts bonnes minutes
quand la représentation est réussie.
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Le Royal Opéra House, façade, près de Covent Garden à Londres |
Mais Londres a aussi ses traditions parfois fort amusantes comme le fait de prendre un repas au cours de l’opéra avec tables réservées dans les différents restaurants : l’apéro et l’entrée avant l’ouverture, le plat et le dessert à l’entracte. Et de ne se lever flegmatiquement de table qu’après la deuxième sonnerie de rappel. La première sonnerie ne provoque généraement aucun mouvement particulier à part celui des serveurs donnant discrètement la note aux tables et encaissant promptement mais sans bruit ni mouvement inutile, l’addition avant le départ vers la salle de spectacle.
Et puis le ROH ou Covent Garden selon son
appellation, a aussi le plus bel ensemble de restaurants et de bars sous une
verrière splendide.
Olivier Mears le directeur de l’opéra de Londres, a présenté récemment la nouvelle saison, qui ne manque pas d’intérêts par bien des aspects. Selon les goûts, certains la préféreront même à celle de Munich. Je lui reprocherai de n’avoir pas la même unité autour d’un projet artistique et d’apparaitre un peu “décousue” avec des nièmes reprises sans une distribution qui permettrait de les rendre attractives et de proposer un grand nombre de ballets au détriment du nombre d’opéras. Question de goût, je le répète, je pense que pour les amateurs de danse, Londres est “the” place quand Paris ou Munich ne sont pas au top.
Olivier Mears le directeur de l’opéra de Londres, a présenté récemment la nouvelle saison, qui ne manque pas d’intérêts par bien des aspects. Selon les goûts, certains la préféreront même à celle de Munich. Je lui reprocherai de n’avoir pas la même unité autour d’un projet artistique et d’apparaitre un peu “décousue” avec des nièmes reprises sans une distribution qui permettrait de les rendre attractives et de proposer un grand nombre de ballets au détriment du nombre d’opéras. Question de goût, je le répète, je pense que pour les amateurs de danse, Londres est “the” place quand Paris ou Munich ne sont pas au top.
Le directeur musical Antonio Pappano, est
le meilleur à mon sens au monde à la tête d’un opéra avec Kiril Petrenko qui
préside aux destinées de Munich.
Mais comme Petrenko, l’excellent Pappano est
sur le départ et peaufine surtout ses propres projets dans le cadre d’une
saison de fin de règne. Il en a sans doute encore quelques uns pour la
prochaine mais a déjà annoncé qu’il ne brigue pas de nouvel opéra, et préfère
se consacrer à la musique orchestrale comme il le fait déjà depuis longtemps à
la tête de l’Académie de la Santa Cécilia à Rome.
Bon an mal an, cette saison vaudra quand même le déplacement !
Bon an mal an, cette saison vaudra quand même le déplacement !
Et d’abord sans doute pour ce beau projet
autour de la Forza del destino de Verdi, une oeuvre d’une étonnante force
musicale et dramatique, qui nécessite une équipe d’artistes exceptionnels pour
être inoubliable. Munich avait réussi ce pari en rassemblant Harteros, Kaufmann
et Tézier, le trio nous valut une de ces soirées d’opéra absolument fabuleuse,
une de ces ambiances où la salle arrête de respirer tant elle est sidérée par
ce qu’elle voit et entend avant d’exploser dans un interminable tonnerre
d’applaudissements.
La Forza “britannique” sera dirigée par
Pappano, un gage de qualité, et nous propose à nouveau Kaufmann et Tézier, mais
aussi la prise de rôle en Léonora d’Anna Netrebko, star des stars, à qui ce
rôle devrait convenir à merveille. La Forza del destino comprend des airs solos splendides pour chacune des trois tessitures mais aussi des duos célèbres, notamment trois “affrontements” entre le ténor et le baryton, dans lesquels Tézier et Kaufmann furent exceptionnels sur scène mais aussi en récital où ils avaient redonné avec un plaisir évident, les trois lors de leur gala à deux, toujours à Munich, en Juillet 2016. Et puis réunir Kaufmann et Netrebko est un pari qui n'a été réussi qu'une fois dans un opéra mis en scène, à Londres justement pour une des reprises de la Traviata.
Aperçu de la Forza munichoise de 2014
La mise en scène est assurée par Christof Loy, homme de théâtre et d’opéra qui a déjà une longue expérience et dont on a pu apprécié récemment l’Alcina donné au Théâtre des Champs Elysées (et quelques années avant à Zuric) ou les Noces de Figaro à Munich dont j’avais dit le plus grand bien (1) ou encore un Ariadne auf Naxos vu également à Londres il y a quelques années et qui était également très réussi. Il y a toujours chez Loy une recherche des passages de la réalité au théâtre, de la vérité aux rêves, de la parole à la pensée et à l’imagination qui est généralement très bien maitrisée.
Cette production de la Forza a été déjà été donnée à Amsterdam (De National opéra) avec une autre distribution.
Aperçu de la mise en scène de Loy, Amsterdam, avec E.M Westbroek, ci-dessous :
Attention aux dates puisqu’une autre
distribution avec Liudmyla Monastyrska, Yusif Eyvazov et Christopher Maltmann,
alternera et s’entremêlera à la première.
-
21, 24 mars, 2 et 5 avril pour
avoir Netrebko, Kaufmann et Tézier (dont la retransmission cinéma le 2 avril).
-
27 mars, 9 et 12 avril : Monastyrska,
Kaufmann et Tézier
-
29 mars : Netrebko, Eyvazov et
Maltmann
-
17 et 22 avril : Monastyrska, Eyvazov
et Maltmann
L’autre événement est la reprise du Ring
mis en scème par Keith Warner, sous la direction de Pappano là aussi, avec une
distribution qui rejoint (presque...) l’excellence de celle que nous propose
Munich cet été et pour laquelle il a été si difficile d’avoir des places.
Stuart Skelton en Siegmund, Stefan Vinke en Seigfried et Nina Stemme en
Brünnhilde (comme à Munich), John Lundgren en Wotan (qu’on a pu voir lors de la
retransmission de la Walkure du premier cycle de Munich en février 18), Emily
Magee en Sieglinde etc.
Aperçus du Ring de Londres
Londres propose trois cycles qui sont déjà
quasiment sold out d’ailleurs.
Le Ring a de beaux jours devant lui : il se
donne, cycle complet, de plus en plus fréquemment et avec un succès
grandissant. Parmi les “Ring” qui font parler d’eux, notons aussi les deux
prochains cycles donnés au MET en mai 19. On y reviendra.
Dans mon programme londonien, figure aussi
“Billy Budd”, opéra de Benjamin Britten qui date de 1951 (d’après la nouvelle
d’Herman Melville), ce compositeur britannique trop rarement donné à Paris
malheureusement même si on peut espérer justement voir ce Billy Budd un de ces
jours en France. Il s’agit en l’occurrence d’une coproduction de Madrid (où
elle a été donnée en février 2017) et de Rome, la mise en scène de Deborah
Warner qui avait été unanimement saluée. Il sera également dirigé par Antonio Pappano.
C’est un opéra exclusivement chanté par des
voix d’hommes. Les trois rôles principaux seront tenus par les mêmes artistes
qu’à Madrid : le baryton sud-africain
Jacques Imbrailo dans le rôle-titre, le ténor Tony Spence dans celui du
commandant Vere et la basse Brindley Sheratt dans celui du maitre d’équipage
Claggart.
Quelques images pour se faire une idée de cette histoire de marins, de harcèlement, d’amour, d’amitiés et de trahison...
Mon choix suivant sera celui de la passionnante
mise en scène de Stephan Herheim pour la Dame de Pique de Tchaikovski, que j’espère
voir également à Paris un jour, et qui a été créée, elle aussi, à Amsterdam
sous la direction de Marris Jansons (on peut la voir ces jours-ci dans le cadre
de Viva l’opéra). Elle sera également retransmise par le ROH au cinéma le 22
janvier 2019. Les interprètes seront Aleksandr Antonenko, Eva-Marie Westbroek,
Vladimir Stoyanov et à nouveau, le Suédois John Lundgren dont la carrière
internationale semble littéralement exploser ce dont je me réjouis....
On pourra aussi se laisser tenter par :
- Katia Kabanova du compositeur Janacek, un opéra superbe assez rarement donné, et qui réunira Amanda Majeski et Pavel Cernock
- Boris Godounov avec Bryn Terfel.
- Andrea Chenier dans la reprise de la production de Mc Vicar, qui réunira Sondra Radvanovski et Roberto Alagna.
- Les nièmes reprises des productions londoniennes à succès qui ont donné toutes de très bons DVD de référence : la Traviata avec Ermonella Jaho, Tosca avec Kristine Opolais, Vittorio Grigolo et Bryn Terfel, la Fille du Régiment (Pelly) avec Sabine Deviehle et Javier Camarena.
Tout le programme ici :
(1) http://passionoperaheleneadam.blogspot.fr/2017/10/les-noces-de-figaro-mozart-munich-28.html
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