Un chef d'exception pour ces Meistersinger à Munich avec Kiril Petrenko, inégale distribution cependant...

Die Meistersinger von Nürnberg

 Richard Wagner

Création le 21 juin 1868, théâtre de la cour royale de Munich

Séance du 31 juillet 2019, Opéra de Munich.
Direction musicale Kirill Petrenko 
Mise en scène : David Bösch 

Hans Sachs : Wolfgang Koch 
Veit Pogner : Christof Fischesser 
Kunz Vogelgesang : Kevin Conners 
Konrad Nachtigall : Christian Rieger 
Sixtus Beckmesser : Martin Gantner 
Fritz Kothner : Michael Kupfer-Radecky
Balthasar Zorn : Ulrich Reß 
Ulrich Eißlinger : Dean Power 
Augustin Moser : Thorsten Scharnke 
Hermann Ortel : Levente Páll
Hans Schwarz : Peter Lobert 
Hans Foltz : Roman Astakhov
Walther von Stolzing : Daniel Kirch 
David : Allan Clayton
Eva : Sara Michelle Jakubiak
Magdalene : Okka von der Damerau 
Nachtwächter : Milan Siljanov

Die Meistersinger von Nurnberg est l’un des opéras les plus complets de Wagner et des plus passionnants. Il exige une impressionnante équipe de chanteurs, des chœurs et un orchestre conséquent pour développer durant quatre heures de musique ininterrompue le thème de la tradition et du conservatisme dans la création artistique, opposé à l’innovation et au rêve. 
Wagner nous offre une ouverture qui résume à elle seule la complexité d’un opéra qui apparait d’abord comme obsédé par un seul leitmotiv qui va être exposé de multiples fois sous des formes différentes. Le motif des « maitres chanteurs » a, dès ce prélude, ce caractère emphatique et presque guerrier, tandis que l’air lyrique du renouveau, incarné par Sachs le maitre cordonnier d’une part et par le jeune Walther de Stolzing, le chevalier d’autre part, apparait tout doucement, bien vite étouffé, happé par la tradition. Cette opposition entre le conservatisme et l’innovation se poursuit tandis qu’apparait le thème de l’amour de Walter pour Eva lequel annonce d’ailleurs son futur triomphe par un final d’allégresse juste avant que ne s’ouvre l’acte 1 dans la foulée avec la procession dans l’Eglise durant laquelle le jeune Walther apprend que l’Eva qu’il aime depuis qu’il l’a rencontrée, sera promis au gagnant du concours des Maitres Chanteurs. Il n’aura de cesse de bousculer toutes les conventions pour s’imposer.
La mise en scène de Bösch, que j’ai vue pour la première fois en mai 2016 à Munich lors de sa création, a l’énorme qualité de rendre vivantes ces péripéties où les joutes oratoires jouent un rôle central et il faut savoir créer une atmosphère scénique autour des chanteurs. Bösch place l’action dans les années soixante dix, imagine une sorte de radio-crochet (Walter est un chanteur des rues qui arrive en blouson de cuir, sa guitare en bandoulière) un peu solennel, respectant les « métiers » de chacun des protagonistes, et modernisant surtout le background de l’histoire. Sachs, personnage principal de l’opéra, a sa petite cordonnerie ambulante installée dans une fourgonnette Citroën, Beckmesser s’exerce dans la rue à l’acte 2, juché sur un chariot élévateur, le charivari des étudiants mené par David est plutôt l’attaque d’une bande de voyous qui blessent Beckmesser, et le concours final a son côté « eurovision ». Inutile de chercher une trop grande cohérence, l’important est que rien de cette ilustration plutôt humoristique, ne gêne le spectateur dans son approche de l’œuvre majeure de Wagner.
Car tout cela est bien, très bien joué par les protagonistes qui bénéficient d’une direction d’acteurs efficace et précise, mais reste secondaire au regard des performances musicales générales qui dominent forcément une telle œuvre où « l’art de chanter » est décortiqué dans toutes ses facettes.
C’est donc bien toujours sur le terrain musical qu’il faut apprécier une représentation des Meistersinger, les différentes mises en scène que j’ai pu voir : de l’ultra-classique mais superbe sur le plan des décors de Otto Shenk au MET, à la dernière proposition fort séduisante de Barrie Kosky pour Bayreuth en passant par celle de Stefan Herheim qui nous a été proposé à Paris juste avant la création de celle de Bösch à Munich ou encore celle de Kasper Holten que j’ai vue l’année suivante à Londres, il faut bien reconnaitre que ce sont les interprètes et le chef qui m’ont laissé les souvenirs les plus importants.
A Munich comme en 2016, nous sommes d’abord magnifiquement servis par la lecture phénoménale de subtilité et de justesse de Kiril Petrenko qui, loin d’avoir pour unique préoccupation de produire du beau son, raconte une histoire, cette histoire, chaque phrase musicale, jouée, chantée, est sculptée, chaque instrumentiste, chaque membre du chœur, chaque solistes, est accompagné d’un geste précis du maestro qui aime pratiquer une sorte de « stop and go », c’est-à-dire ménager des silences très courts avant les « événements » musicaux de la partition pour en renforcer l’effet et en souligner l’importance. La musique vit en permanence et se déroule comme une très belle tapisserie qui se couvrirait peu à peu de couleurs et de motifs à la manière des Meistersinger découvrant comment finalement sauvegarder l’art par la conciliation de la tradition et de la nouveauté.
La coloration extrême des leitmotivs instrumentaux et la délicatesse du traitement point à point, n’empêche pas, bien au contraire, les nécessaires crescendos où l’ensemble sonne alors de tous ses décibels mais l’orchestre sait sous la baguette de Petrenko, se faire presque formation de chambre pour accompagner notamment les longs et magnifiques monologues de Sachs ou le fameux quintette de l’acte 3 quand les protagonistes chantent chacun une mélodie qui reflète leur état d’âme. Manifestement certains "tempi" ont été, par contre, accélérés pour raccourcir le temps nécessaire "normalement" à certains airs, notamment ceux de Walther et soutenir le mieux possible le ténor interprète.
Car si vocalement l’équipe tient le choc, elle… accuse le coup de l’absence de Jonas Kaufmann, « créateur » du rôle de Walther dans la production de Bosch dont on sait, en la voyant, qu’elle a été en grande partie construire autour de lui (Walther est omniprésent même quand il n’a rien à chanter, il a beaucoup à faire) et le ténor bavarois s’y montrait tout à la fois, vocalement royal et scéniquement rempli d’un humour en lien direct avec les intentions du metteur en scène, roi des nuances, des longues notes tenues, véritable caméléon du chant, sachant faire franchement évoluer son leitmotiv maladroit du début vers ce magnifique chant baptisé finalement « Die selige Morgentraum-Deutweise », qui permettra à Walther métamorphosé de gagner le concours et la main d’Eva. Le talent de Kaufmann dans ce rôle avait ceci de séduisant à Munich, qu’il se mariait parfaitement avec la manière de diriger de Petrenko. C’est une constante entre les deux artistes : ils mènent manifestement le bal ensemble.
Le rôle de Walther n’est évidemment pas le rôle principal dans un opéra qui comporte beaucoup de personnages mais c’est l’un des piliers et de lui, dépend en particulier la garantie d’un beau final à la hauteur de la superbe mise en musique de Wagner.
L'opéra de Munich avait prévu le ténor Daniel Kirch comme remplaçant et incontestablement, malgré les mérites du ténor (il n’est jamais facile de remplacer une superstar qui a attiré sur son nom une bonne partie des spectateurs), le compte n’y était pas. C’est pourtant un très bon acteur et sa présence en scène était parfaite mais la voix n’est pas très grande, beaucoup moins sonore que celle de Kaufmann dans la même salle, l’aisance fait souvent défaut (aigus un peu « jetés » et rapidement stoppés, lyrisme souvent absent, peu de nuances), le timbre est séduisant mais le ténor ne tient aucune note et peine à rendre compte de l’évolution de son personnage. L’acte 3, le plus difficile pour Walther qui doit alors l’emporter en donnant le meilleur de lui-même, le voit dépassé par la tâche, le dernier air, si long, développé, incroyablement sensuel chez Kaufmann, devient court, presque rabougri et il est légitime de se demander comme il a pu gagner le concours.
Heureusement, nous ne pouvions que nous réjouir de la qualité de tous les autres rôles ce qui rattrape par bien des aspects la déception causée au départ par les insuffisances de Kirch.

A commencer par le Sachs de Wolfgang Koch qui a ces qualités d’humanité qui font les grands Sachs. C’est le cordonnier qui domine toute l’histoire, c’est lui qui permet son dénouement heureux et c’est également lui qui nous donne les plus beaux et les plus longs monologues chantés, qui vont du romantisme à la satire. Figure paternelle qui veille autant sur les intérêts de la communauté des maitres-chanteurs que sur les amours de Walther et d’Eva, le Sachs de Koch est magnifique de bout en bout, lyrisme des parties douces, parfois chuchotées ou chantées en mezza voce, force et héroisme des parties autoritaires ou directives, Koch sait varier sa partie et, en osmose parfaite avec le maestro nous offre quelques longs moments de pur bonheur dont on se souvient longtemps après. Le baryton accuse cependant une fatigue vocale dans des rôles aussi soutenus qui s'entend parfois dans les aigus.
Le David du ténor Allan Clayton est, lui aussi, de très grande tenue. Le jeune apprenti est impressionnant dès son arrivée sur le plateau en donneur de leçons maladroit, beau timbre, émission claire, facilité dans les aigus, il en impose très rapidement et ce talent se confirmera tout au long de la représentation.
Formidable Sixtus Beckmesser de Martin Gantner, qui n’hésite pas à forcer le trait pour nous proposer une très forte interprétation de ce bouffon pédant qu’on finirait presque par trouver pitoyable à force de ridicule (le fait qu’il se suicide à la fin n’apporte rien à l’histoire…).
La basse Christof Fischesser campe un Veit Pogner, père d’Eva, organisateur du tournoi, d’une belle verve musicale, timbre superbe et « autorité » naturelle convaincante.
Sara Jakubiak était déjà Eva en 2016 lors de la création : physiquement elle est idéale, silhouette légère et charmante, elle faisait déjà merveille dans la lecture très photogénique de Bösch. Vocalement elle a pris beaucoup d’autorité, sa voix s’est affermie, les aigus sont parfaitement dominés et, tout en gardant un timbre assez juvénile qui sied au rôle, elle campe une Eva très « juste ».
Okka von der Damerau, comme à son habitude, fait vivre réellement le personnage un peu falot parfois, de Maddalena avec force et grande présence.
Il faudrait bien sûr nommer tous les autres Meistersinger pour leurs belles prestations vocales et scéniques, de ce qui fait avec la justesse impressionnantes des chœurs et leur beau nuancier de couleurs, l’une des richesses de cette soirée.
Il ne manquait pas grand-chose, un meilleur ténor pour le rôle de Walther, pour que cette représentation se rapproche de la perfection. Dommage…on verra l’an prochain où ces Meistersinger seront à nouveau donnés sous la baguette de Kiril Petrenko qui finira alors sa dernière saison à Munich.
En le regardant diriger avec cette calme passion des vrais esthètes, on se disait qu’il allait terriblement manquer dans les années à venir. Très grande ovation méritée pour le maestro. Le festival d’été se refermait ainsi à Munich, la prochaine saison débutera par une reprise d’Otello le 20 septembre, où je serai, en espérant qu’il n’y aura aucune annulation dans la distribution prometteuse annoncée.



Pour mémoire, mes impressions au sortir de la Première, le 16 mai 2016 avec (presque) la même distribution, les différences étant :
Walther von Stolzing : Jonas Kaufmann
Sixtus Beckmesser :Markus Eiche
David : Benjamin Bruns

Les Meistersingers de Nurnberg pour être réussi, demande un plateau vocal exceptionnel et nombreux, un orchestre et un chef capable de "lire" Wagner et singulièrement cette oeuvre, en symbiose avec les chanteurs. La partition est une et les voix sont des instruments parmi les autres tout en racontant une histoire, riche en réflexions sur l'art, les traditions et la création, l'orchestre doit être un et même plusieurs personnages à part entière, en dialogue avec ceux et celles qui, sur scène, vont nous faire vivre cette histoire.
A Munich pour cette Première très attendue, on était dans une sorte de perfection de toutes les secondes, rarement atteinte pour un opéra aussi complexe.
Dès le prélude (Vorspiel), que Jordan à Paris n'avait pas réussi à discipliner, donnant une sorte de bazar à la limite de cacophonie, Petrenko et l'orchestre de Bavière sont dans le tempo, dans les leitmotiv, dans la dentelle, chaque instrument, chaque thème s'entend (les thèmes un peu pompeux des Meister, la tradition, les thèmes lyriques de l'art et de la création avec son souffle de liberté de Sachs et de Walther etc), c'est réglé avec génie et sensibilité, la salle frémit déjà conquise quand le rideau noir (pas le rideau rouge habituel du BSO) se lève sur un décor assez désertique, palettes de bois éparses, camionnette de livraison de fûts de bière à droite, bric à brac avec tête de plâtre du Maitre à gauche.
Walther entre en scène, guitare en bandoulière, sac sur le dos. Le Walther campé magistralement par Jonas Kaufmann qui se moule littéralement dans le personnage, n'est pas une rock star comme je l'ai lue dans certains autres CR. 
C'est plutôt un Routard, un vagabond qui parcourt du chemin, et qu'on imagine chantant sur les places pour se faire de l'argent, plus style "folkeux" d'ailleurs que pop music. Il croise la belle Eva, robe blanche, qui court, charmante et légère, qui perd son écharpe. Notre vagabond, jean sale, T-shirt décoré et blouson de cuir, la ramasse mais ne court pas après la belle. Il attend en souriant qu'elle revienne, cache l'écharpe dans son dos, se cache derrière le camion, voit passer la procession religieuse où elle a pris place (choeurs...), s'y glisse, gagne rang par rang pour la rejoindre ...
Dès le début le ton est donné : le coup de foudre entre Walther et Eva sera le fil rouge de l'histoire. Il aura envie de gagner le concours, malgré sa rébellion chevillée au corps, pour elle.
La ville qui se révélera davantage dans le décor des actes 2 et 3, décor urbain, immeubles destroy aux murs lépreux et taggés, paraboles accrochées à des balcons sans balustrade, la ville a une tradition très forte (qui remonte au 16ème siècle comme l'annonce fièrement la banderoles du fond de scène) : un concours (entre celui des Meistersinger et celui de l'eurovision, beaucoup d'allusions assez drôles en cours de route.
L'échoppe de cordonnier de Sachs est un camion citroën très usé, en concordance avec le choix de montrer une ville qui a été riche et prospère et que la crise a détruit.
Vous connaissez l'histoire (qui est très fidèlement respectée malgré la transposition d"époque) : Walther ne chante pas comme il faut, il devra apprendre pour gagner le concours et la main d'Eva, il refusera d'abord l'énorme savoir imposé (des tonnes de classeurs Ronéo posés dans les bras de Walther qui les envoie tous promener), puis être très mal noté durant son premier exercice et sa discussion très animée avec les Meistersinger (il est assis sur une chaise et reçoit des chocs électriques), pour finalement être "pris en charge" par le merveilleux Sachs.
En colère, Walther va briser le buste du Maitre
Le chahut de la fin de l'acte 2, est représentée par une révolte d'extrême droite dans laquelle Beckmesser sera blessé et sauvé par un Watlher omniprésent.
L'acte 3 montre un immense échafaudage de chaque côté d'une sorte de Ring, où Beckmesser puis Whalter vont s'essayer à gagner la couronne. 
La direction d'acteur est permanente et précise. C'est autant une pièce de théâtre qu'un opéra, aucun des protagonistes ne démérite d'ailleurs dans cette performance très animée et sans temps mort où pas une seconde d'ennui ne se glisse jamais.

Les trois protagonistes principaux sont de très, très haut niveau : 

Le Sachs de Wolfgang Koch tient la route brillamment depuis la première jusqu'à la dernière note, ligne de chant parfaite, expressivité à revendre, il domine son rôle, et pour avoir entendu il y a peu à Paris, Volle d'une part, Finley d'autre part (tous deux de grands Sachs) je pense que Koch leur est supérieur ne serait-ce que par la fraîcheur dont il fait preuve en permanence tant vocalement que scéniquement. Pétri d'humanité, amoureux de l'art, attiré dès sa première rencontre avec lui, par ce jeune chanteur rebelle, raillant Beckmesser, faisant la leçon à David, menant chacun à son destin, il enveloppe et domine toute l'action avec une autorité vocale impressionnante. Chapeau.

Le Walther de Jonas Kaufmann était très attendu : un retour à Wagner qui lui va si bien (après du Verdi, du Berlioz, du Puccini et bien d'autres choses), une prise de rôle en version scénique dix ans après un concert unique, une mise en scène qui repose en partie sur sa capacité à incarner le personnage rapidement charismatique et omniprésent du chanteur, une voix qui s'est beaucoup assombrie dans les graves et qui n'a pas forcément au démarrage le caractère juvénile parfois requis pour Walther, mais une voix qui s'allège incroyablement au fur et à mesure que son "chant" prend forme, une voix claironnante de beauté dans les aigus, une ligne de chant impeccable, une diction de "lied" avec un chant puissant qui parcours toute la salle sans le moindre problème et vous arrive dans l'oreille comme s'il chantait à côté de vous (nous étions au 20ème et dernier rang du parterre), du très grand Kaufmann, tellement à l'aise vocalement, qu'il se paye le luxe juste avant son air final, de nouer une cravate sur son T-Shirt (pour respecter les règles), de passer un veston, puis d'oter sa cravate, de la lancer à Eva, d'ôter sa veste, et on se dit "faudrait peut-être qu'il se concentre un peu" avant le final. Il est dans son personnage, aucune importance, son chant est parfait malgré toutes les acrobaties qui ont précédées.

Le Beckmesser de Markus Eiche est également excellemment bien chanté, très, très bien joué, il est drôle sans jamais être ni totalement ridicule, ni surtout outrageusement caricaturé. Le chanteur est bien de sa personne et il n'est pas déguisé. Il est souvent très émouvant dans sa suffisance, puis sa maladresse, puis son échec et la complicité très ancienne entre Kaufmann et lui, fait merveille dans leurs échanges, scéniques comme vocaux. Je l'avais déjà beaucoup apprécié sur cette même scène en Lescaut, il confirme de très grandes qualités de baryton dans plusieurs répertoires et une grande richesse dans sa palettes de couleurs et dans ses talents de comédien.

Jolie surprise aussi pour l’Eva de Sara Jakubiak, qui n'est pas l'oie blanche ou la jeune fille de bonne famille souvent décrite dans cet opéra, mais qui a du caractère, c'est elle qui conduit le scooter et emmène son chanteur et sa guitare à l'arrière, ils sont presque tout le temps sur scène, cachés au fond du camion, installés sur le toit en train de fumer ou de boire de la bière, leurs rapports sont lumineux, parfaitement accordés.

La Magdalene de Okka Von der Damerau (une habituée de Munich comme Eiche) est également très réussie, très dynamique, même si leur couple avec le David de Benjamin Burns, à très belle voix et très beau jeu, mais un peu agé pour le rôle, est un peu éclipsé par celui formé par Eva et Walther.

Le Pogner de Fischesser fait également preuve d’un très beau talent comme d’ailleurs l’ensemble des Meistersinger.

Car si on est amené à insister sur les rôles principaux qui mènent le bal, il faut absolument saluer le formidable travail d’équipe qui fait de ces Meistersinger, une pièce de choix.
Le public a ovationné Petrenko à plusieurs reprises après l’ouverture et à la fin de chaque acte, et on reste un peu sans voix pour décrire sa capacité à diriger ce fabuleux orchestre comme un travail d’orfèvre : j’emploierai une image qui m’est venue à l’esprit pendant que je regardais et que j’écoutais : il semble pouvoir baisser le volume de l’orchestre ou de tel ou tel insrument au poil de seconde près comme on tournerai un bouton, pour le réamplifier tout aussi “magiquement” et établir le plus fabuleux dialogue qui soit avec ses chanteurs d’exception.
Le metteur en scène a été tout à la fois applaudi (beaucoup) et hué (un peu). Du classique.
Les principales ovations sont revenues au trio de tête, et au chef d’orchestre mais c’est l’ensemble du spectacle, de toute évidence, qui a conquis le public de Munich pour cette Première.
Munich, 17 mai 2016

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