Samson, Tristan et Salomé, soirées berlinoises d'est en ouest

Berlin possède deux opéras : le Staatsoper « Unter den Linden » situé dans l’ex-Berlin Est et le Deutsche Oper (DOB) situé dans l’ex-Berlin Ouest. En quelques jours de ce mois de décembre, il était possible, en passant de l’un à l’autre, de voir trois œuvres fortes et très bien interprétées : Samson et Dalila, Tristan et Isolde et Salomé. Saint-Saens, Wagner et Strauss.
Deutsche Oper

Staatsoper

Samson et Dalila

de Camille Saint-Saëns
Livret de : Ferdinand Lemaire

7 décembre, Staatsoper 
Direction musicale : Thomas Guggeis 
Mise en scène : Damián Szifron
Dalila : Elīna Garanča
Samson : Brandon Jovanovich
Le Grand-Prêtre de Dagon : Michael Volle
Abimélech : Kwangchul Youn
Un vieillard hébreu : Wolfgang Schöne
Staatskapelle de Berlin.

Sans doute un peu difficile de juger de la mise en scène du cinéaste argentin, Damián Szifron dont c'était les débuts à l'opéra avec un tiers de la séance en version concert du fait d'une panne de décors.
Mais j'aurais tendance à penser qu'il a fait un peu comme son confrère James Gray pour les Noces, toutes proportions gardées évidemment : il a choisi "d'illustrer" de manière classique cet épisode célèbre de la Bible, tellement classique qu'on en sourit à plusieurs reprises tout en se disant que finalement les cinéastes ne sont pas, contrairement aux "théâtreux", les mieux placés pour comprendre le mise en scène de l'art vivant.
Classique et donc assez cruel finalement puisque rien ne manque aux images d'Epinal auxquelles nous avons droit sur scène : têtes au bout d'une pique qui font le tour du plateau à plusieurs reprises, peau de bête sur laquelle Dalila invite voluptueusement Samson à la grande scène du deux avant de lui faire son affaire, auroch mort trainé sans effort par un Samson surpuissant alors qu'il faudra cinq personnes ensuite pour l'évacuer, cornes aux casques etc. Même l'essai poétique et suggestif qui montre deux doubles "danseurs" de Samson et Dalila esquissant un pas de deux (bof) simulant l'amour, la femme enceinte, l'arrivée de deux enfants du couple, parait hors sujet tandis que les deux chanteurs se regardent, eux, en chiens de faïence de chaque côté du plateau.
La direction d'acteur est réduite à sa plus simple expression et comme aucun de nos protagonistes n'est spontanément une "bête de scène", ce sera essentiellement par leurs voix que passeront la passion, la violence, l'amour, la haine que l'histoire raconte.
La première déception en ce qui me concerne vient de la fosse lors de l'ouverture et de l'acte 1 où le jeune chef Thomas Guggeis (qui succède à Barenboim pour toutes les séances de décembre de cette nouvelle production) se heurte à plusieurs reprises à des décalages entre cuivres et cordes, puis à des choeurs pas superbement bien calés non plus. Heureusement, de ce côté-là les choses s'arrangent miraculeusement en milieu d'acte et par la suite, orchestre et chef nous donnent une très belle lecture de ce Samson. je garderai quant à moi quelques réserves à l'égard des choeurs que j'ai trouvés assez moyens et finalement peu percutant dans l'ensemble, sans parler du fait qu'ils sont atteints du syndrome Garanca quant à la prosodie française.
L'oeuvre lui-même, pour moi, comporte quelques tunnels que la mise en scène ne sauve pas d'un léger ennui surtout quand on ne comprend rien à ce qui est chanté et qu'on doit (le comble pour un français dans un opéra français) se réfugier dans la lecture du surtitrage anglais si on ne connait pas son "Samson" par coeur.
Et comme il a été dit, Brandon Jovanovitch, dont c'était la prise de rôle et l'une des raisons de mon déplacement, ne commence pas très bien puisque, de mon neuvième rang du parterre, on ne l'entend pas vraiment dans son premier air "Israël rompt ta chaine", couvert par les choeurs et l'orchestre à plusieurs reprises. L'acoustique y est pour beaucoup incontestablement mais il me semble (sous toutes réserves) que son timbre est alors trop mat et peine à éclater dans l'ensemble polyphonique très riche de la partition de Saint Saens. A creuser. Dès l'acte 2, cette gêne disparait totalement, notamment dans la dernière partie, puisqu'à l'inverse, dans un décor très différent qui ne réserve plus qu'une bande de la scène libre à l'avant, devant l'imposant mur de la grotte, sa voix se libère comme son chant d'ailleurs, puisqu'il est alors, à mon sens, à son meilleur  lors de sa confrontation avec Dalila.
Les aigus ne sont pas son fort incontestablement ce qui me conduit à penser que ce n'est pas un rôle idéal pour lui, puisque Samson en a quand même quelques uns à négocier en mode "forte" notamment le "si" final mais j'ai trouvé que globalement c'était bien chanté, même en voix de tête, avec un beau crescendo sur "Dalila je t'ai-ai-ai-me". Comme toujours (et c'est ce que personnellement j'aime bien chez lui), l'artiste ne ménage pas sa peine et ses accents de révolte, comme de passion, comme de désespoir, sont extrêmement bien traduits par les modulations de sa voix. Son jeu d'acteur peut rester sommaire ce n'est pas très gênant. Bref c'est un beau Samson qui se défend bien.
Avec Elina Garanca en Dalila presque chevronnée, on change de registre : le chant est carrément superbe, la voix parfaitement maitrisée, le timbre sublime, aucune dissociation de registre chez elle alors que les graves sortent magnifiquement, une unité de style qui force l'admiration et fait naitre une émotion phénoménale lorsque commence son "Mon coeur s'ouvre à ta voix" (où l'artiste est allongée sur sa peau de bête) qui ne s'éteindra qu'avec le final de l'acte 2 et la défaite de Samson. Là on atteint le sublime, l'indicible, l'alchimie totale entre les deux artistes, le grand moment.
Ceci dit, je regrette qu'autant de talent chez elle (et même chez lui d'ailleurs) ne s'accompagne pas d'un travail sérieux sur la prononciation du français. Ce n'est même pas un problème "d'accent étranger" que l'on peut percevoir chez la plupart des chanteurs étrangers qui chantent dans notre langue (exception notable faite de Spyres et de Osborn) et qui n'est pas forcément trop gênant s'il n'est pas trop appuyé et trop "exotique" par rapport au sujet (l'accent espagnol dans Werther par exemple est assez "risible"). C'est un problème d'articulation des phonèmes.
Il suffit de voir arriver le troisième larron, Michael Volle, à l'acte 1 pour comprendre ce que veut dire "chanter en français" et la clarté de son émission, la beauté de ses phrasés parfaitement adaptés à la partition (qui n'est quand même pas très compliquée...), font merveille dans un rôle où il est sans doute moins impressionnant qu'en Sachs par exemple, mais où il domine largement son sujet et même la distribution avant l'arrivée de Dalila.
Les autres protagonistes sont assez anecdotiques, notamment l'Abimélech de Kwangchul Youn (très moyen) et le  vieillard hébreu de Wolfgang Schöne (essentiellement terne).
Et j'ai souffert lors de l'acte 3 avec cette "version concert" improvisée par la force des choses. C'était ridicule, pas marrant pour les artistes en superbe costumes, obligés de se serrer en rang d'oignon devant le décor, remuant vaguement au rythme de la musique sans pouvoir esquisser le moindre pas de danse. C'est au milieu de cette foule que Samson arrive pour se placer aux côtés des autres sans aucune évocation physique de sa condition de détenu torturé, si on met à part son maquillage, pour chanter le final. A tel point que lors de sa dernière note d'un air très bien chanté par ailleurs, le public hésite à applaudir pas sûr que c'est la fin....Pas facile de simuler la destruction du temple de Dagon sur sa seule intonation.
En conclusion : une soirée sauvée pour moi par un acte 2 exceptionnel. C'est déjà pas mal


Tristan und Isolde

Richard Wagner
Création : 1865 à Munich 

8 décembre, DOB.

Direction musicale : Donald Runnicles
Mise en scène : Graham Vick
Tristan : Stephen Gould
König Marke : Ante Jerkunica
Isolde : Nina Stemme
Kurwenal : Martin Gantner
Melot : Jörg Schörner
Brangäne : Daniela Sindram
Orchester der Deutschen Oper Berlin

Couple désormais mythique, littéralement fusionnel avec une vaillance et une intelligence musicale hors norme dans deux rôles incroyablement exigeants et complexes, Nina Stemme et Stephen Gould sont proches de la perfection.
Durant le duo de 40 minutes à l'acte 2, l'on est littéralement en état second.
Pas une défaillance, pas le moindre signe de fatigue, une maitrise des rôles parfaite, une interprétation musicale et scénique d'une extrême subtilité, un sens des nuances, du souffle, des colorations, des changements de style que personne d'autre n'atteint actuellement.
Il faut l'avoir vu en salle. Au moins une fois. En espérant que celle-ci ne sera pas la dernière.
Le mieux est sans doute de ne pas s'étendre sur la mise en scène catastrophique de Vick pour se concentrer sur le chant et la musique. Et lors de cette représentation, en salle en tous cas (je craindrai une retransmission avec gros plans qui gâcherait un peu la fête des sens), c'est tout à fait possible.
On mesure là le génie de Wagner quand orchestration, mélodies, voix des instruments et paroles sont déjà eux-même entremêlés pour faire sens à chaque mesure. Tristan est sans doute son chef-d'oeuvre, sa composition la plus aboutie, proche de la totale perfection qui conduit si facilement à l'extase par le jeu obsessionnel de ces thèmes.
L'orchestre de l'opéra de Berlin s'y montre d'ailleurs d'un grand professionnalisme, respectant scrupuleusement et avec talent ces incessants et parfois presque imperceptibles changements de leitmotivs, de styles, alternant les moments héroïques et les moments lyriques, valorisant les solos (ah le cor anglais joué par Iveta Bachmanova, quelle merveille). On pourra peut-être reprocher à Donald Runnicles, grand spécialiste de Wagner, d'être trop prévisible et de manquer parfois d'un peu d'élan, mais franchement, globalement, sans rechercher d'inutiles "effets", c'est un grand chef pour Tristan. Les tempi sont plutôt lents mais personnellement, j'aime bien cette interprétation un rien langoureuse de Tristan... les effets sur les spectateurs du philtre d'amour sont alors garantis...
Mais évidemment et malgré les personnages que Vick veut leur faire incarner, ce sont les deux héros de la soirée les grands gagnants de ce formidable spectacle.
Nina Stemme d'abord, parce qu'elle est sans doute la plus étonnante dans cette manière bien à elle, qu'elle a d'être soprano dramatique, passant tranquillement toutes les difficultés de la partition, tout en gardant une légèreté et une jeunesse de la voix proprement sidérantes. Elle ne "hurle" jamais, ne semble jamais forcer sa voix, elle chante Wagner avec naturel, épousant toutes les évolutions de cette belle Isolde au travers des choix stylistiques qu'elle fait, du "piano" soudain avec un aigu forte divin, du diminuendo délicieux au crescendo glorieux, elle peut tout, elle ose tout, juste pour "traduire" en immenses émotions, l'interprétation d'un rôle dont elle comprend tout.
Intelligence musicale, intelligence de l'artiste aussi, qui sait, avec peu de gestes et peu d'expressions faciales, tout faire passer et nous bouleverser à chaque seconde de cette interminable partition.
Peu importe alors que Vick en fasse successivement une oie blanche (et rousse), rebelle (et droguée), se préparant à son fastueux mariage, puis une femme chic, hauts talons et veste lamé or, et pour finir une "mamie" âgée en charentaises, on s'en fout. On entend la voix divine de Stemme (qu'il faut entendre en salle, on ne vous le dira jamais assez, aucun enregistrement ne lui rend justice), on entend la belle Isolde et son amour fou.
Stephen Gould est un Tristan magnifique. Il était en grande forme vocale lui aussi, sans aucune baisse de régime dans ce rôle meurtrier, et son entente vocale et scénique (même minimaliste) avec Nina Stemme, est sublime.
Et c'est finalement incroyable de se dire qu'une salle entière peut rester suspendue aux performances de ces deux chanteurs pendant plus de 4 heures (de musique) sans manifester autre chose qu'une ferveur silencieuse mais perceptible.
Le sommet est sans doute atteint lors du duo de l'acte 2, plus de quarante minutes d'un échange amoureux dont la profondeur n'a jamais été égalée, et qui se termine par le magnifique "So stürben wir, um ungetrennt, ewig einig ohne End',ohn' Erwachen,ohn' Erbangen,namenlosin Lieb' umfangen,ganzuns selbst gegeben, der Liebe nur zu leben !" qui annonce le troisième acte (Ainsi nous mourrions....pour ne plus vivre que l'amour).
Pris par cette étrange fièvre qui s'empare du spectateur en les regardant tous les deux dans cette incroyable ferveur, on est presque agacé de l'interruption un peu brutale de Marke (et de Melot) du fait du choix de Vick de rallumer brutalement la lumière et de faire se rhabiller prestement les amoureux comme deux enfants pris en faute. 
Bref passons.
Musicalement, l'acte 3 voit les performances vocales des deux héros se succéder et la mort de Tristan comme celle d'Isole sont de pures merveilles dont on voudrait qu'elles ne s'arrêtent jamais...
Concernant les autres rôles (forcément secondaires dans cet opus magistral à deux voix...), j'ai mis un peu de temps à "adopter" la Brangäne de Daniela Sintram que je trouvais un peu "verte" au début puis petit à petit, je me suis laissée entrainer par son style bien chanté et bien projeté, à la voix très jeune mais qui module bien et je l'ai trouvée excellente à l'acte 3.
J'aime bien la voix et le style du roi Marke (quelle jeune silhouette !) d'Ante Jerkunica aux graves magnifiques. Petite faiblesse dans les aigus c'est dommage mais dans l'ensemble c'est impressionnant.
Le Kurwenal de Martin Gantner a la voix assez abîmée (ce qui n'est pas nouveau...) mais son "métier" et sa longue expérience wagnérienne s'entendent dans le phrasé et l'engagement dans le rôle ce qui lui a valu une ovation appuyée.
Une "matinée" exceptionnelle qui s'est terminée par une longue standing ovation et la conviction que le couple Stemme/Gould n'a pas son pareil actuellement. 

(Dommage que le DOB ne se paye pas une nouvelle mise en scène. Celle du Vick date de 2011 et elle est indigne.)


Salomé
Richard Strauss

Opéra en un acte
Livret de Richard Strauss d'après la pièce d'Oscar Wilde
Création : 1905 à Dresde.

Direction musicale : Thomas Guggeis
Mise en scène : Hans Neuenfels
Herodes :  Vincent Wolfsteiner
Herodias : Marina Prudenskaya
Salome : Ausrine Stundyte
Jochanaan : Thomas j. Mayer
Narraboth : Peter Sonn
STAATSKAPELLE BERLIN

10 décembre, Staatsoper
Pour Hans Neuenfels, Salomé est d'abord l'oeuvre d'Oscar Wilde et celle-ci entre en conflit permanent avec la musique de Strauss. Oscar Wilde est donc présent sur cette scène en damier noir et blanc, joué par l’acteur Christian Natter. Il apparait précisément au moment où un rideau s’abat sur le fond de la scène, façon cabaret, affichant en rouge dans cette dominante de noir et de blanc, avec les lettres « Wilde is coming ».
Neuenfels affectionne les symboliques dépouillées (je me rappelle de l’impressionnant décor presque nu et entièrement blanc et brillant qui accompagnait le dernier acte de Manon Lescaut à Munich) et superpose sa propre vision de l’opéra de Strauss en abandonnant toute référence biblique ou orientaliste pour lui substituer la mise en espace des obsessions sexuelles de Salomé dans la pièce sulfureuse de Wilde.
Le personnage de Wilde dans la vision de Neuenfels, porte des testicules blanches visibles sur son pantalon noir et revêtira un masque de mort très blanc lui aussi. L’opposition/fusion entre l’amour et la mort est omniprésente et la mort de Narraboth par exemple (le seul qui apparait « différent » affublé d’une chasuble et coiffé de longs cheveux) est ridiculement spectaculaire tandis que les gardes du palais sont des soldats coloniaux (en blancs) et les juifs (scène très enlevée et très bien jouée/chantée) semble tout droit sortis de Rabi Jakob.
Salomé, solidement interprétée par la soprano Ausrine Stundyte qui nous avait déjà impressionnés par ses talents d’actrice dans Lady Macbeth de Mzensk à Paris récemment, est d’ailleurs assez rapidement, dès qu’elle quitte sa jupe noire froufroutante, un personnage androgyne en long tailleur noir, double d’un Wilde qui danse avec elle.
La mise en scène limite son jeu à celui d’une femme dont la solitude semble totale et infinie (perdant le côté « enfantin » et séducteur de la Salomé de Strauss) qui se trémousse devant Jochanaan enfermé dans une sorte de capsule très phallique et toujours visible (comme il se doit) ou devant Hérode sans vraiment nous convaincre du caractère torride ou très érotique des paroles admirables qu’elle chante. Jochanaan lui même cultive l'ambiguïté des sexes, épaules et poitrine nue de déménageur et longue robe noire.
Trop froide, trop distanciée, la mise en scène ne vaut que par le jeu des chanteurs qui globalement, sont assez remarquables malgré la difficulté, tout particulièrement Marina Prudenskaya, Herodias un peu fofolle en robe lamé argent.
La danse des sept voiles n’est que « théorique » à son tour tout comme la fameuse tête et son plateau d’argent, symbolisée par l’arrivée d’un plateau de scène couvert de têtes en porcelaine, comme un vaste échiquier où Salomé trouvera la « sienne », la seule qui a des lèvres rouges et l’embrassera enfin pour la briser au sol ensuite. C’est si froid qu’aucun frisson ne passe…
L’autre déception vient du plateau… vocal.
L’orchestre de la Staatskapelle exécute une véritable « symphonie » de Strauss où rien de la luxuriance orchestrale ne manque. Mais, tout à sa fougueuse direction, le chef Thomas Guggeis (qui est l’assistant de Barenboim et que nous avions déjà eu pour Samson et Dalila l’avant-veille), en oublie manifestement les chanteurs qui, peu aidés par un décor très ouvert, peinent à se faire entendre de la salle.
Mauvaise surprise en particulier pour la prestation de Ausrine Stundyte qui sonne « mate » et est très peu audible pendant une très grande partie de l’œuvre, n’éclatant enfin que lors de la toute scène finale qu’elle chante (admirablement) sur le bord de la scène. Mais ce n’est pas, je pense, qu’une question d’acoustique : elle semble en deça des exigences vocales du rôle, peinant à colorer suffisamment ses notes pour en faire ressortir, par-dessus l’orchestre, la variété expressive indispensable au rôle…
Moins suprenantes sont les limites vocales de Thomas  Mayer en prophète : je les avais déjà constatées (et déplorées) il y a deux ans dans Arabella à Munich. Il peine à projeter une voix un peu âbimée et offre un chant soigné à la diction impeccable mais finalement assez uniforme et sans grande passion. A aucun moment le courant électrique qui passe entre Salomé et lui n’est perceptible…
A l’inverse le couple formé par Vincent Wolfsteiner et Marina Prudenskaya, souvent assis sur des chaises en bord de plateau, est musicalement bien assorti et nous offre des prestations tout à fait satisfaisantes tout en rendant parfaitement crédibles leurs personnages. 
Le Narraboth de Peter Sonn ne « sonne » pas très bien non plus : nous sommes d’ailleurs dans la première partie de l’œuvre à se demander sérieusement si un chanteur va être clairement audible dans ce foisonnement musical…
Reste le plaisir d’avoir entendu l’un des plus beaux opéras de Strauss que nous retrouverons en version concert le 16 mars prochain à la Philhamonie de Paris qui malheureusement n’offre pas une bonne acoustique pour les voix…Salomé sera Camilla Nylund qui chantait le rôle à Bastille lors de la dernière reprise de la production de Lev Dodin.

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