Opéras : Au fil des retransmissions - Partie IV - Dernière chronique avant reprise !

Chroniques d’opéras par temps de coronavirus – Partie IV - Les dernières avant « reprise ».


Privée d’opéras en salle, comme beaucoup d’amateurs passionnés, je me suis « contentée » de regarder nombre des retransmissions proposées par diverses maisons d’opéra. J’ai noté quelques remarques plus ou moins développées à chaque fois. Les voici « rassemblées », pour cette quatrième partie qui va du 4 juin au 29 juin et se terminent par un concert en salle retransmis en direct, signe des réouvertures en cours dans de nombreuses salles. Mais ce n’est qu’un début très et trop « restreint » en attendant la rentrée où l’on espère enfin un retour à la normale. Vitale pour les artistes auxquels nous pensons sans cesse.

4 juin - Andrea Chénier (Giordano) - WSO
Andrea Chénier est un opéra de la veine vériste qui fleurit au début du 20ème siècle, l'un des fleurons du genre, composé par Umberto Giordano autour d'un bref récit de la vie et de la mort du poète André Chénier, révolutionnaire qui finira victime de la grande Révolution qui "dévore ses propres enfants". Cette soirée retransmise depuis Vienne en 2018 et reprise hier soir pour notre plus grand bonheur, fut un festival de grandes voix parfaitement accordées les unes aux autres, valorisant une oeuvre qui, quand elle interprétée de manière emphatique, est assez rébarbative. Là rien de tel, sans doute d'abord du fait de l'interprétation du rôle-titre par Jonas Kaufmann, qui en était alors à sa troisième "mise en scène", après celle, classique, de ses débuts au ROH de Londres, concoctée par Mc Vicar (qu'il a repris d'ailleurs quelques années plus tard au Liceu de Barcelone), et celle plus "sauvage" mais tout aussi  fidèle au livret et à l'époque de Philipp Stölzl à  Munich en 2017. Celle-ci est l'oeuvre du grand Otto Schenk et séduit totalement dans sa simplicité et son dépouillement. La scène munie au départ de quelques accessoires (divan, fauteuils d'époque) se vide peu à peu dès l'acte 2 (il reste en vrac quelques tables, chaises, et un grand tableau renversé) pour être nue lors du final. Faisons table rase. Ce qui rend d'autant plus impressionnante la statue composée du buste de Marat ceint d'une immense écharpe tricolore. Schenk joue alors essentiellement sur ses personnages, qu'il soigne et fignole jusque dans chaque détails (choeurs de la foule compris), costumes et coiffures, chacun étant, dès l'acte 2, entouré d'un halo de lumière sur le fond noir de la tragédie en marche.
Dans une interview Jonas Kaufmann s'était félicité de pouvoir travailler avec le prestigieux Otto Schenk et le résultat est en effet une réussite. L'Andrea Chénier de Kaufmann est  un poète révolté et c'est le parti pris de la colère et de l'indignation qu'il nous propose dès son improvisation (parfois "déclamée" dans un contresens total par certains chanteurs). L'air est beau, les paroles de dénonciation des misères que le poète a croisées sur sa route, sont magnifiques, mais il faut donner à ce cri de révolte que Chénier "improvise" face à Madeleine de Coigny (qui ne s'en remettra jamais et perdra immédiatement sa légèreté de jeune aristocrate comblée), toute la hargne nécessaire sans jamais perdre le fil lyrique.Timbre sombre, aigus lumineux longuement tenus en "forte", technique du souffle impressionnante de maitrise, Jonas Kaufmann confirme une fois encore son adéquation exceptionnelle à ce rôle. Poète indigné, amoureux fiévreux, révolutionnaire et soldat de la Révolution,fier de son engagement jusque dans la mort, il rencontre en plus des partenaires exceptionnels. D'abord avec la Maddalena d'Anja Harteros, sa complice vocale et scénique de toujours, exceptionnelle dans ce rôle où je l'avais déjà vue à Munich et à Paris. Leur entente est sidérante à tel point qu'hier encore, leur duo de "retrouvailles" a soulevé les délires d'un public scotché, comme nous l'avons été si souvent à Munich, par la précision de leurs chants respectifs, l'adéquation de leurs styles, l'amour fou qui se dégage alors d'eux sur scène.
Quand l'interprète de Carlo Gerard a les qualités de Roberto Frontali (ovationné lui aussi), on est comblé par l'intelligence de la représentation, le plaisir des yeux et des oreilles. On notera aussi la chaleureuse présence d'un habitué de Vienne, le baryton Boaz Daniel, qui en Roucher, sort nettement du lot (honnête) des seconds rôles. Marco Armiliato dirige l'oeuvre avec sa fougue habituelle qu'on aime bien surtout dans l'opéra italien vériste.

5 juin - Tosca - MET
Il y avait pas mal de bonnes raisons de regarder cette représentation de Tosca du MET de 1978.  La première était d'y revoir le grand Luciano Pavarotti dans un rôle qui ne lui a jamais posé le moindre problème, celui du chevalier, peintre et héros, amoureux de Tosca, Cavaradossi. Même si l'écoute attentive (et l'habitude de cette partition qu'on a entendue plusieurs dizaines de fois), dénote quelques essoufflements mal placés, l'ensemble est beau, lyrique quand il le faut, héroïque lors du fameux moment "climax" pour le ténor du "Victoria", et émouvant pour le beau Lucevan le Stelle. La Tosca de Shirley Verret est l'une des meilleures au monde. Mezzo soprano, elle a pourtant excellé dans des rôles de sopranos et là encore, les aigus qui "sortent" un peu de sa tessiture "naturelle" sont très bien maitrisés. Mais c'est surtout la richesse d'une voix et d'un timbre tout à la fois délicat et corsé qui emportent l'adhésion d'une interprétation très classe de la diva. Et puis c'est admirablement joué (et filmé en gros plans, là où rien de vous échappe de l'expression de ses sentiments, notamment quand elle décide de tuer Scarpia. On regrettera juste que, du fait d'un jeu un peu sommaire de Pavarotti, leur couple ne fonctionne pas toujours très bien. Le duo final en particulier parait légèrement "décalé" et dans des styles qui ne sont pas tout à fait "raccords" (de son fait à lui à mon avis). 
J'ai beaucoup aimé le Scarpia jamais vulgaire mais violemment cruel de Cornell McNeil, au chant puissant et au regard terrifiant, qui, dans le final de l'acte 1 où il ourdit sa machination pour faire tomber Tosca dans ses bras en semant le doute dans son coeur, ou dans son affrontement avec elle à l'acte 2 (le plus beau moment de l'opéra), campe un personnage "vrai" et admirablement chanté et joué. Il faut dire que la mise en scène (classique mais efficace sur le plan de la direction d'acteurs) est l'oeuvre du baryton Tito Gobbi qui fut l'un des meilleurs Scarpia.
Etonnants seconds rôles très bien caractérisés et bien chantés et joués pour une représentation de référence.
Quant au maestro James Conlon, alors tout jeune, il nous donne un Puccini subtil presque romantique, assez surprenant par sa discrétion, respectant les chanteurs mais manquant parfois sans doute un peu du "mordant" nécessaire à faire monter la tension à son paroxysme.


7 juin – Il Trittico (Puccini) – ROH
Ce soir Il Trittico (Puccini), magnifique réalisation du Royal Opera House de Londres qui nous offre à son tour des retransmissions ! Magnifique réalisation sur le plan vocal et musical. La direction d'Antonio Pappano est de celle qui valorise une partition précurseur de ces musiques de grands films d'aventures et d'action, dans laquelle on entend tout autant des accents de valse musette que des bruits familiers et où les chanteurs semblent souvent évoluer dans une pièce de théâtre chantée de manière très réaliste. Bravo aussi à la mise en scène de Richard Jones, qui souligne d'ailleurs les contrastes entre les trois parties du triptyque, en choisissant des décors, des costumes et des situations qui vont du drame réaliste des bas-fonds des bords de Seine, à la fantaisie burlesque italienne, en passant pas la tragédie épurée et glaçante d'une femme enfermée au couvent.
La direction d'acteurs est particulièrement convaincante et globalement le plateau vocal est très adéquat. Dans Il Tabarro, c'est surtout la belle Eva-Marie Westbroek qui nous propose une émouvante Giorgetta, la voix est pure et très "puccinienne" et la soprano hollandaise n'accuse pas encore à l'époque (2011, l'année de sa première Sieglinde au MET) les difficultés dans les aigus qu'elle rencontrera par la suite. Ses deux comparses masculins sont également très en forme et extrêmement crédibles, le baryton Lucio Gallo (qui chantera, encore mieux d'ailleurs, Gianni Schichi dans le dernier volet), a une souplesse de la voix et une verve du soupçon qui lui permet d'être parfaitement à l'aise dans ce rôle vocalement difficile où, par moment, il faut presque "parler" tout en chantant, Aleksandr Antonenko est également magnifique d'engagements et de force de conviction, presque méconnaissable dans ses qualités vocales et scéniques en Luigi, au regard de ce que nous avons pu entendre par la suite notamment à Paris Bastille (Samson, Radamès, Otello), d'un ténor qui s'est prématurément cassé la voix, hélas, ayant multiplié trop tôt les rôles trop lourds.
De Suor Angelika, on retiendra bien sûr l'inégalable prestation déchirante d'Ermonella Jaho (que j'ai revue depuis à Munich dans le même rôle et qui m'a également séduite en Madame Butterfly à Londres cette fois) et on remarquera la "princesse" très classe d'Anna Larsson.
Je trouve toujours le dernier volet un rien anecdotique dans sa volonté de pasticher un drame pour rire mais à Londres, il est très réussi, mené tambour battant par une cohorte très en verve de bons chanteurs/acteurs notamment Lucio Gallo dans le rôle-titre. 
Un très bel enregistrement d'une oeuvre à trois assez rarement donnée pour qu'elle vaille le détour par la retransmission du ROH.


8 juin – Thais (Massenet) – MET
Ce soir Thaïs de Massenet. Renée Fleming....
Il est un peu mythique ce Thais notamment du fait du couple vedette Fleming/Hampson mais il n'a pas si bien vieilli que d'autres production de la même époque (2008) qui n'est pas si ancienne...Décors surannés en carton pâte, mise en scène très artificielle de John Cox qui n'aide pas trop à croire à une histoire déjà un peu trop simpliste et moralisatrice à mon goût et une direction d'acteurs plus sommaire qu'il n'a été dit à l'époque où l'on a généralement considéré la partie théâtrale comme parfaite. Quant à l'image finale, c'est presque une trahison, tant elle est ridicule et hors sujet, tuant l'émotion...
La qualité du chant de la belle Renée Fleming reste le meilleur atout de cette oeuvre. Même si on vu depuis des Thais autrement crédibles dans le drame intérieur qui se joue pour la belle courtisane convaincue par un illuminé amoureux de se retirer dans un couvent pour expier ses fautes. Fleming, formidable Maréchale, émouvante sirène, belle Desdémone, intelligente comtesse (Capriccio), est trop "classe", trop naturellement "chic" pour incarner ce rôle de métamorphose d'une femme "perdue" qui sera "sauvée". Thomas Hampson a d'immenses moments vocaux (et notamment des duos superbes) avec Thais, une grandeur d'âme, des faiblesses de la chair et un côté illuminé souvent convainquant et un jeu d'acteur, comme toujours hors pair, et Michael Schade (qu'on a plaisir à revoir ...) se tire fort bien d'une partition de ténor et d'un rôle peu valorisant. La direction de Jesus Lopez Cobos est fabuleuse de précisions, de couleurs, de justesse. Et puis il y a ce vrai moment magique de la célèbre "Méditation de Thais", morceau souvent joué seul en concert et qui gardera, éternellement pour moi ce qualificatif de chef d'oeuvre musical.
Un peu de magie authentique....


9 juin - La Bohème (Puccini) – Komische Oper de Berlin
Ce soir une Bohème (Puccini), jeune, rafraichissante, tragique, remplie tout à la fois de nostalgie et de modernité, mise en scène de Barrie Kosky dans l'Opéra qu'il dirige depuis des années, le Komische Oper de Berlin. Distribution formidable. A revoir !
La précédente mise en scène, celle d'Harry Kupfer, avait été jouée plus de 300 fois. Je ne sais si celle de Kosky aura autant de succès, mais ce parti pris de "portrait" à l'ancienne, empreint de souvenirs comme une veille photo noir et blanc, a un charme fou et illustre, au sens premier du terme, une histoire que nous connaissons tous par coeur mais dont, curieusement, on ne se lasse jamais. Marcello est plus photographe que peintre, un grand appareil sur pied, datant de la fin du XIXème par son style, trône dès la première scène dans la soupente où l'on accède par une trappe. Il créée ces images sur verre appelées daguerréotypes qui sont ses "tableaux" et les mêmes images en noir et blancs, illustrent le fond de la scène, évoluant selon les actes. Et c'est l'acte 2 qui est le plus coloré, un véritable manège s'installant, avec les lampadaires typiques du Paris des becs à gaz, comme colonnes. On tourne pour voir les farandoles de Parpignol, devenu clown avec les enfants devenus "Pierrots", puis les tables du café Momus où les 6 vivent le seul moment intense de bonheur et de légèreté de cette douce tragédie en marche, où ceux qui croyaient juste "vivre" à leur guise sans contrainte, vont être durement confrontés à la mort.
Ce parti pris doux-amer du noir et blanc dominant, juste interrompu par ces flashes de couleurs du bonheur, fonctionne admirablement pour souligner les contrastes de ce chef d'oeuvre du vérisme, un opéra moderne où Puccini annonce clairement le 20ème siècle et la musique de film notamment.
Et la direction des acteurs-chanteurs est épatante. Les quatre garçons plaisantent avec un aplomb et une drôlerie sans pareil (prenant même le rôle du propriétaire pour le mimer eux-même) et leur insouciance généreuse et juvénile tranche, exactement comme l'évolution de la musique de Puccini, avec d'une part l'arrivée de la petite Mimi à l'acte 1 qui plonge Rodolfo dans les affres de l'amour, d'autre part, celle de Musetta annonçant celle d'une Mimi mourante lors du final déchirant. En permanence le fil rouge de la photo noir et blanc qui s'efface peu à peu restera comme un leitmotiv obsédant. Photo de Mimi morte, seule, sur sa chaise tandis que les autres se sont estompés restant dans la vie pour un futur hypothétique. Belle et émouvante image alors qu'on entend au loin le "Mimi" de Rodolfo et que l'orchestre joue ses dernières notes dans un silence total et glaçant.
Jonathan Tetelman est un superbe Rodolfo, la voix est large et chaude, les aigus bien projetés et admirablement tenus, il a le sens des nuances et surtout de l'interprétation, toujours à l'aise dans son personnage, traduisant magnifiquement les doutes et les hésitations du jeune poète désarmé devant ses choix et désespéré. Un très beau talent très prometteur dans ce type de rôle. A ces côtés tout aussi jeune et touchante, la soprano Nadja Mchantaf a la fraicheur et la naïveté de la jeune cousette, et si la voix, au début, présente quelque acidité, très rapidement, elle se chauffe pour nous donner également de belles pages et se confronter avec la chaude voix de son Rodolfo dans des duos magnifiques.
Belle prestation également de Marcello, baryton de la veine "comique" qui donne beaucoup de relief à son personnage et forme un couple très assorti avec la superbe Musetta (chic et de toute beauté) de Vera-Lotte Böcker à la voix plus mûre et toujours enchanteresse. Pour finir les deux autres comparses sont également parfaits, scéniquement et vocalement, on ne peut faire que mille compliments au Schaunard de Dániel Foki et au Colline de Philipp Meierhöfer.
Jordan de Souza dirige tout cela d'une main de maître plutôt vive et aux accents colorés qui valorisent un orchestre assez admirable lui aussi.

10 juin – Iolanta/Château de Barbe Bleue - MET
Ce soir un duo détonnant, l'histoire de deux femmes que tout oppose. D'abord Iolanta, ensuite Judith. Deux très grands opéras servis par de très belles distributions.
Mariusz Trelinski est un metteur en scène polonais qu'on rencontre plutôt au Mariinsky de Saint Petersbourg qu'au MET de NewYork. Il livrait là une superbe mise en scène (mise en images presque cinématographique plutôt) du Château de Barbe Bleue, mystérieuse et fantastique, très photogénique d'ailleurs et très bien servie par son couple star Michail Petrenko, basse russe puissante au timbre chaleureux qui ne force jamais la voix, et Nadja Michael, "spécialiste" de ces rôles torturés où la voix doit toujours se situer dans ses limites, et qui campe une belle Judith façon star de cinéma, un rien androgyne, qui veut fouiller le passé de son serial killer de mari et en explorant son inconscient, plongera à son tour dans les souffrances et la mort. C'est magnifiquement chanté et très bien illustré. Saluons le travail   sur les décors, les costumes et les vidéos et cette plongée terrifiante dans les entrailles de l'horreur que Bela Bartok a mis en musique avec autant de talent. 
L'association de ce chef d'oeuvre du 20ème siècle avec le plus classique Iolanta de Tchaikovsky, musicalement très différent, repose pour le metteur en scène par cette allégorie répétée de la forêt et de la femme "proie" des prédateurs. Iolanta est aveugle et son père la maintient dans l'ignorance de son état pour garder son emprise sur elle mais un prince la délivrera avec l'aide des potions d'un mage oriental. Un caisson central qui semble étouffer un peu les voix, représente la chambre où la jeune fille est "enfermée" dans son aveuglement, tandis que toutes les autres scènes sont jouées à l'extérieur, avec un décor assez superbe là aussi, d'atmosphère forestière. On imagine être dans une de ces grandes taïgas russes (alors que ce n'est pas le cas dans l'opéra lui-meme) puisque le comte de Vaudémont et son ami Robert arrivent en skieurs de fond. L'idée marche bien globalement et l'emprisonnement de Iolanta, magnifiquement interprétée par Anna Netrebko, alors "reine" de ce rôle (et plutôt insurpassée depuis malgré de très belles interprètes), puis sa "libération" sont d'intenses moments d'émotion quasi parfaits. Anna Netrebko, la star de la soirée et qui le mérite bien, sait "passer" de la jeune fille naïve et apeurée, à la femme qui "veut" et dont la volonté vaincra les obstacles pour sortir de son long sommeil. A ses côtés, Piotr Beczala, a, comme toujours, un beau chant un peu lisse, des aigus lumineux (et parfois de petites difficultés qui tendent sa voix), et beaucoup d'élégance et de prestance. C'est un ténor de grande classe même s'il peine souvent à caractériser différemment ses personnages. Autrement séduisant est, à mes yeux, le "Robert" de Aleksei Markov, explosif et décidé, chant héroïque magnifique et charisme sur scène à revendre. Roi René un peu inégal de Ilya Bannik mais impressionnant Ibn-Hakia de Elchin Azizov.
Direction de Valéry Gergiev pour les deux opéras, précise et dynamique. Belle soirée.




12 juin – La Fanciulla del west (Puccini) – Opéra de Vienne.
Cette captation d’une des représentations de l'opéra de Vienne de l'automne 2013, est l’une des versions les plus abouties que j’ai vues de cet opéra.
La Fanciulla n'est pas l'opéra de Puccini le plus joué ni le plus connu et c'est bien dommage car, à mon sens, il a énormément de qualités.
Une très grande modernité musicale, une ouverture sur scène de foule en partculier (comme dans Manon Lescaut) avec thèmes récurrents qui deviennent vite obsessionnels, un orchestre aux tonalités jazz (et dont les musiques de films s’inspireront largement à l’ère du cinémascope) et une écriture qui laisse une grande place à l’action et à la mise en scène.
 L’histoire est belle et émouvante, très western avant l’heure du cinéma d’ailleurs. Ces chercheurs d’or qui ont tout quitté pour migrer vers les terres désertes et sauvages de l’ouest pour chercher fortune, qui trompent leur ennui et leur nostalgie en écoutant de la musique, en jouant (et en trichant) aux cartes, en buvant de whisky, en écoutant Minnie leur lire des passages de la bible, sont admirablement campés et décrits par les scène de groupe fort nombreuses de cet opéra.
 On a la tenancière de bar (la soprano) cultivée au grand coeur, le shériff méchant et autoritaire (le baryton) mais amoureux d’elle et bien sûr le bandit (le ténor) venu pour voler l’or des chercheurs qui manque de finir pendu mais sera sauvé par la belle folle amoureuse de lui.
 La mise en scène de Marelli qui transpose un peu l’époque (western début 20ème, quand les mythes ont du plomb dans l’aile et que les chercheurs vivent dans des baraques en tôle ondulée, sinistres en plein hiver). Mais l’ambiance western est parfaite, les scènes de groupe admirablement joués par une pléthore de chanteurs, tous parfaitement bien dans leur rôle.
 C’est même assez rare de voir sur scène une si parfaite homogénéité et une telle crédibilité dans tous les rôles.
 Les entrées en scène de Minnie (explosant au milieu de la dispute des hommes tandis qu’ils se taisent tous respectueusement et instantanément) et de Dick Johnson ( réveillant le plateau un peu assoupi, sac au dos et lançant un vigoureux “Chi c’è, per farmi i ricci? “ pour s’annoncer).
L’ensemble est dominé par le duo magique, dont personnellement je ne me lasse pas, formé par Jonas Kaufmann et Nina Stemme.

Elle est une Minnie au chant superbe, aux infinies nuances, tour à tour bonne, généreuse, naïve, follement amoureuse, passionnée, en colère, toute douce, fondant devant le charme de ce bandit dont elle finira par admettre la duplicité sans lui retirer pour autant son amour. 
Il est un malfaiteur à l’image des beaux garçons de l’ouest dans les westerns où le bandit était représenté par la star d’Hollywwod et qu’on finissait toutes amoureuses de lui (d’ailleurs il avait plein d’excuses à avoir mal tourné et c’est la même chose pour le Johnson de Kaufmann).
Son interprétation vocale est de haut vol, les nuances dans son chant, la beauté de sa voix à la fois sombre et éclatante dans les aigus, son jeu d’acteur est hors pair et jamais “faux”.
Du coup, ils peuvent esquisser une très belle valse ensemble ou rester assis l’un près de l’autre, à se guetter, à se chercher sans beaucoup bouger, assis sur la longue table du bar, gestes à l’économie mais chants superbes des deux artistes, regards furtifs, expressions des mains et des visages, c’est suffisant, c’est magique, c’est phénoménal.
La scène “je t’aime moi non plus” qui se passe dans la petite maison (dans la prairie) de Minnnie est tout simplement géniale : ah Minnie habillée d’une improbable “robe de soirée” pour plaire à ce bandit de Johnson, resté en tenue de cow boy et leurs regards échangés, il voudrait bien aller plus loin, elle est pure et se défend comme une jeune fille chaste, lui montre son album de photos, le mettant à la torture. Jamais rien vu d’aussi bien joué et chanté depuis très longtemps à l’opéra.Mais son “Un bacio, un bacio, un bacio solo! ” répété avec force et séduction aura raison de ses hésitations.
Et quelle énergie, quelle conviction quand Nina Stemme surmontant ses réticences, tombe dans les bras du beau Kaufmann. 
Le summum est atteint quand elle prendra sa défense au dernier acte. Un rôle de femme amoureuse et courageuse, très beau, que la mise en scène et Nina Stemme valorisent comme l’un des plus beaux rôles féminins de Puccini.
Les seconds rôles sont tous d’un très haut niveau, comme boostés par la qualité générale du plateau et la beauté de la mise en scène. J’ai notamment remarqué une fois encore Boaz Daniel, parfaitement à l’aise dans son rôle de Sonora ou Alessio Arduini, très bon Wallace. Mais on pourrait tous les citer sans problème.
 Tomasz Konieczny montrait là en shériff des qualités exceptionnelles d’acteur et un engagement très convainquant dans le rôle du « méchant » avec sans doute une voix encore un peu « verte » et parfois peu « modulée », mais globalement lui aussi crevait l’écran. 
 La direction de Welser-Möst est excellente : un Puccini plein de couleurs, d’accents, de douceur pour accompagner les scènes d’amour, de violence et d’élans pour accompagner les moments où l’action se tend, ou le drame se noue. Il accompagne de très près les chanteurs, les enveloppe des sonorités superbes de l’orchestre et valorise l’ensemble de ce très bel opéra.

16 juin – L’affaire Makropoulos (Janacek) – Opéra de Vienne.
Ce soir un opéra assez rare de Leos Janacek, l'affaire Makropoulos, à Vienne avec la mise en scène de Peter Stein, sous la direction musicale de Jakub Hrůša avec Laura Aikin, Ludovit Ludha, Thomas Ebenstein, Margarita Gritskova, Markus Marquardt.
Avant-dernier opéra du génial compositeur Tchèque Leos Janacek, Věc Makropulos rassemble sans doute les meilleures pages musicales de celui qui marqua la modernisation radicale de l'opéra dans les années 20 à l'instar des Richard Strauss et autre Emerich Korngold, ouvrant la voix à ces riches orchestrations d'illustrations sonores et lyriques tout à la fois, au rythme heurté et qui présente un ensemble très "éclaté" parfois difficile au premier abord, mais dont le sens s'impose très vite. De son premier opéra célèbre, Jenufa, à son dernier De la Maison des morts, Janacek n'a finalement écrit que de fortes compositions qui marquent durablement l'histoire de l'opéra. Et je dois dire que le jeune chef tchèque Jakub Hrůša fait merveille dans ce répertoire, on ne pouvait imaginer mieux pour diriger l'orchestre de l'Opéra de Vienne. Cette histoire invraisemblable de femme condamnée à vivre 300 ans à cause d'un élixir de vie inventé par son père et qui doit à tout prix séduire tout le monde, bénéficie de la mise en scène assez sobre de Peter Stein et de la formidable direction d'acteurs qu'il offre à ses artistes. De la Bibliothèque impressionnante à deux niveaux, qui permet de nombreuses mises en espace astucieuse à l'acte 1, à la chambre-salon chic dont les lumières évolueront habilement à l'acte 2 tandis que le maléfice se dissipe et lors d'une scène finale inouïe, Emilia Marty reprend son véritable âge juste avant de mourir.
Le plateau vocal (et scénique) est dominé par le jeu halluciné et le chant toujours profondément juste de la soprano Laura Aikin, fabuleuse composition d'un rôle "excessif" en tout, en acrobaties vocales, comme en expressions variées et variables du caractère et des folies d'une très vieille femme, restée jeune.Mais les autres artistes l'accompagnent magnifiquement dans ce désenvoutèrent collectif aux allures de polar enchanteur : citons notamment le Prus énergique de Markus Marquardt, ou la délicieuse Krista de Margarita Gritskova. Très belle représentation d'un opéra à découvrir ou redécouvrir sans attendre !



17 juin – Rigoletto (Verdi) – Opéra de Rome
Ce soir cet extraordinaire Rigoletto (Verdi) captation de l'opéra de Rome de 1991, avec Leo Nucci dans son rôle emblématique et fascinant de vérité et June Anderson en état de grâce. Infiniment émouvant. Dire que cet art "vivant" pourtant irremplaçable, pourrait disparaitre ....
"Rigoletto" dans une classique mise en scène avec costumes d'époque, et décors en carton pâte, mais littéralement transcendée par l'extraordinaire incarnation de Leo Nucci (qui chante encore ce rôle aujourd'hui mais avec des moyens vocaux nettement moins impressionnants qu'à l'époque.). La modernité de cette interprétation où le baryton va jusqu'à mettre sa voix en péril pour traduire au mieux le désespoir de son "malediccione" de légende, sans jamais décrocher avec une précision de souffle, de rythme, d'expressions, de couleurs, qui n'empêche jamais, au contraire, le corps tout entier de bouger presque nerveusement pour traduire les tourments de ce "bouffon du Prince", auquel il arrivera la pire des tragédies. Evidemment avoir comme Gilda, sa "fille", la belle et émouvante et talentueuse et charismatique June Anderson, permet à cette captation d'atteindre à plusieurs reprises l'exceptionnel notamment dans le fameux duo "Sì, vendetta, tremenda vendetta!" où l'on reste sans voix et le souffle coupé par l'énergie et la justesse de cette belle pièce de Verdi. D'ailleurs musicalement, rappelons que cet opéra est l'un des plus beaux et des plus achevés du maestro italien de génie. Vincenzo La Scola qui incarne le Duc, est un peu moins convainquant, adoptant un style encore très en vogue à l'époque du ténor qui "fait du beau chant" sans se préoccuper de trop du personnage qu'il incarne, il ne marque pas vraiment la scène, et parait bien pâlichon finalement face aux deux autres. D'un ton égal il déclame un peu ses grands airs et on serait presque surpris de découvrir sa rouerie et sa duplicité quand on entend son "la donna e mobile" face à une Gilda censée être médusée de découvrir un tout autre personnage. Dans l'enregistrement de ce même Rigoletto en 1989 c'était Pavarotti qui chantait et c'est évidemment vocalement toute autre chose... J'ai été par contre très impressionnée par le Monterone très "commandeur" de Giancarlo Boldrini, belle voix, beau style, tout autant que par le Sparafucile de Franco De Grandis ou la Maddalena de Viorica Cortez. Une telle distribution nous donne d'ailleurs de très impressionnants "ensemble" réglés au cordeau sans jamais perdre de leur sens. Direction un peu routinière de Bruno Bartoletti qui, là non plus, n'égale pas Chailly (exceptionnel) dans l'enregistrement de 1989. CD à réécouter d'ailleurs...



18 juin - La Forza del destino (Verdi) – MET
Ce soir on n'hésite pas... La Force du destin ! Surtout celle-là😍 Pas tant pour une mise en scène sans aucun intérêt qui confond déploiement de costumes et direction théâtrale d'acteurs ce qui fait que nos chanteurs ne savent pas trop quoi faire et se placent la plupart du temps face au public pour chanter. Par bonheur l'émotion est maximale grâce d'abord à une lecture d'un dynamisme fou de James Levine, déchainé, qui nous offre la célèbre ouverture dans un tempo si rapide qu'elle prend une allure échevelée propre aux thèmes du destin qui reviendront de manière obsessionnelle tout au long de l'Oeuvre de Verdi. Le calme soudain qui suit cette ouverture et qui "ouvre" la scène par ce tendre (mais lourd) échange entre le père et la fille, ressort d'autant mieux et cette lecture intelligente sera le propre de l'ensemble d'une représentation exceptionnelle captée par le MET en 1984 pour notre plus grand bonheur. Perfection aussi en ce qui concerne l'ensemble des voix. Une Forza réussie doit réunir au moins quatre sinon cinq ou six voix de très grande qualité : Leonora, Alvaro, Carlo, Père Guardiano, Frère Melitone, Preziosilla voire le marquis de Calatrava qui ouvre le bal en quelque sorte avec une très belle partition. Les duos ténor/baryton sont l'un des musts de l'oeuvre et bien peu d'artistes parviennent à leur donner force et crédibilité en soulignant la différence entre ces deux personnages où la haine irrépressible de l'un se heurte à la volonté de retrouver amour et paix de l'autre. 
Ici, point trop de "jeu", la mise en scène reste statique, mais vocalement, l'Alvaro de Giuseppe Giacomini et le Don Carlo de Leo Nucci, tous deux alors jeunes et fougueux, en imposent, séparément et ensemble avec une "supériorité" de puissance vocale pour le ténor et des nuances et expressions mieux négociées pour le baryton. Cela nous donne une très belle prestation globale avec un dernier duo (le minacce) et un final d'Alvaro de grande classe.
La "reine" de la soirée est évidemment la Léonora de Leontyne Price (qui est applaudie dès son arrivée sur scène, avant même qu'elle n'ouvre la bouche...), tout simplement sidérante d'expressivité et de beau chant. La voix (que j'adore personnellement) a un timbre suave et dramatique tout à la fois et cette victime expiatoire des fautes des hommes, est tellement tragique qu'on en verse des larmes...
Et son "Pace, Pace, mio dio" résume cette épouvantable tragédie qui la broie littéralement. A cette époque elle a déjà chanté souvent le rôle, sous la baguette de Levine, avec, notamment, l'Alvaro magnifique de Placide Domingo.
Le Padre de Bonaldo Giaiotti est également très impressionnant mais ce sont tous les autres rôles, petits ou grands, dont il faut saluer la puissance et la précision.
Bref, une belle soirée pour un des opéras les plus abradadabrantesques de Verdi mais dont la musique est tout simplement magnifique.


20 juin – Gala au Mariinsky, retransmis en direct (et quelques mots sur celui de Londres)
Il s'agissait du gala d'ouverture du festival musical "Etoiles des Nuits Blanches". A ce titre et parce que l'ensemble des manifestations de ce traditionnel festival a été annulé, il y avait un côté un peu étrange dans la longue présentation de Gergiev, manifestement très affecté par la situation, sans doute particulièrement dure pour les chefs activistes comme il l'était.
Public réduit, orchestre réduit (à peu près la même jauge qu'à Genève hier à vue de nez) mais très belle prestation globale, grands artistes de la troupe de notoriété internationale, et beau choix artistique.
Cette reprise au Mariinsky avec public et format réduits a été l’un des événements du retour à la normale qui se profile désormais. Orchestre réduit certes  mais beaucoup de talents sur scène...Comme hier à Genève, les reprises de concerts avec public choisissent des extraits d'opéras connus, nécessitant de grosses formations musicales et notamment Puccini, Wagner ou les véristes, et ce, malgré l'allègement obligatoire de l'orchestre comme pour montrer que, bon, il serait temps de laisser les formations musicales se reconstituer dans des conditions normales... Un peu d'amertume visible sur le visage de Gergiev, l'un des chefs d'orchestre les plus hyperactifs de la planète, manifestement un peu tristounet de ne pouvoir assouvir sa passion comme il le voudrait. Mais il peut se réjouir d'offrir au public de Saint Petersbourg, certes un festival des "Nuits blanches" d'une petite heure seulement, mais avec les artistes de sa prestigieuse troupe, dont la plupart sont également des stars internationales et parmi les meilleurs chanteurs de la planète.

Détails du programme donné
- Intermezzo de Cavaliera Rusticana de Pietro Mascagni
- Air de Gérard, Nemico della patria, dans Andrea Chenier de Giordano par Vladislav Sulimsky (formidable, je l'entendrais bien en entier dans ce rôle !)
- Air de la Gioconda de Ponchielli, par Irina Churilova (intéressante...un rôle où il faut la suivre en espérant l’avoir un jour en « live », très bel engagement)
- Air de Pogner dans les Meistersinger de Wagner par Evguieni Nikitine (pas très "allemand"...mais très efficace)
- Air du "manteau" dans la Bohème de Puccini, par (l'excellent) Alexei Markov, baryton qu’il n’est plus nécessaire de présenter, l’un des piliers du répertoire russe mais capable d’endosser tout autant les rôles classiques des autres répertoires. Magnifique subtilité, chant entièrement maitrisé, énormément d’investissement personnel dans tous les rôles
- Air de Lakmé de Delibes, par Olga Pudova (jolie découverte d’une charmante jeune soprano)
- Elégie de Massenet par Michail Petrenko (toujours très bon partout où on l’entend et au français nettement plus impressionnant que sa collègue)
- Final de Manon Lescaut de Puccini par Tatianna Serjean (j'adore, elle est visitée, sur scène c'est dément, vivement qu’elle revienne à Paris !)
- Aria de Jeanne dans la Pucelle d'Orléans de Tchaikovsky par Ekaterina Semenchuk (magnifique air, splendide œuvre, très difficile, il faut toute la maitrise de la grande Semenchuk toujours très à son affaire dans le répertoire russe, mais pas que….)
- Air "Como un bel di di maggio" d'Andrea Chenier de Giordano par Serguei Skorokhodov (bon là moins convaincue, beau ténor mais le rôle semble un peu lourd pour lui…)

Ajout : Une petite heure et on file voir le premier concert de réouverture du ROH à Londres, sans public autre que virtuel cette fois et avec un Pappano, encore plus triste que Gergiev, mais tout à son affaire dès qu'il s'agit de diriger un orchestre encore plus réduit (une dizaine de musiciens sur scène) pour les prestigieux et magnifiques "Lieder von der Erde" à deux voix, avec un ténor un peu vert pour l'exercice mais la merveilleuse Sarah Conolly pour les lieder "pairs" qui, comme on le sait, sont les plus longs, les plus riches et les plus passionnants musicalement. Mais Mahler ainsi réduit c'est assez... frustrant. Bref, sans déplaisir et par respect pour les artistes, on continuera de suivre toutes ces courageuses reprises "live". L'art vivant pour l'éternité....


22 juin - OperaVision Summer Gala –Royal Danish theatre -  retransmis en direct…
Rapide retour sur une soirée très spéciale, puisque "contrainte" par le COVID et en même temps volontairement représentative de ce que les artistes sont capables d'offrir malgré ces contraintes, voire comment ils savent s'en servir pour mettre en scène la distanciation due à la pandémie.
Kaspar Holten, capitaine du Royal Danish Théâtre, animera la soirée avec brio, présentant les Opéras, les artistes et leurs pays, un peu à la manière de l'Eurovision mais en beaucoup plus sobre et intense.
Et comme il se doit, on commencera par le pays de l'opéra qui est aussi celui d'où est partie le COVID en Europe, à savoir l'Italie, l'Opéra de Rome, tristement vide et un émouvant "Nemico della patria" (décidément...) puissamment interprété par Roberto Frontali une fois que le son de la retransmission s'est calé correctement. Hier Vladislav Sulimsky pour le gala de Saint Petersbourg au Mariinsky, aujourd'hui Roberto Frontali, amusant (et fort plaisant) d'entendre deux fois cet air de baryton tiré d'un des plus beaux moments d'Andrea Chenier. 
J'ai également apprécié la délicate voix (et les belles vocalises) de Rosa Feola, pour "Caro nome". 
Rien de très original dans le choix du répertoire et une performance avec piano seul, un peu frustrante surtout dans AC, même si Frontali et son art du chant parviennent un peu à faire oublier l'absence de l'orchestre.
Glyndebourne est beaucoup plus réussi à mon sens et le 'Nature immense" interprété avec émotion (et un français assez parfait) par Allan Clayton est un vrai plaisir des oreilles (même si on attend la déferlante orchestrale qui ne vient pas...), le choix d'un extrait de Candide très intelligent et bien interprété et on aurait pu sans doute se passer de l'Air des bijoux où Daniele de Nyse n'est pas forcément totalement à son affaire.
Dans le beau foyer de l'Opéra Comique après un petit tour de caméra au dessus de Favart, nous retrouvons l'un des plus beaux airs de la soirée (repris d'ailleurs sur le générique final), le "Si vous croyez que je vais dire qui j'ose aimer" que Cyrille Dubois chante avec tout son coeur, toute son âme, ce timbre délicieux de jeune homme et ce sens magnifique des nuances, exprimant toutes les émotions du personnage de Fortunio. J'adore.
Un peu en dessous, à mon avis, se situe la prestation parfois tendue de Jodie Devos (Lakmé) mais leur duo sur Fantasio "Voilà toute la ville en fête" sonne très bien, avec ce qu'il faut de très légère mélancolie au regard de la situation.
J'avoue n'avoir pas été très convaincue par les prestations du baryton polonais qui, passant de Mozart à Rossini ou Korngold, semble ne pas savoir très bien quel est son répertoire et offre souvent une voix engorgée voire éraillée. Curieux qu'avec toutes les stars polonaises dont l'opéra dispose, celui de Varsovie n'ait pas trouvé mieux.
A l'inverse total, au Komische Oper de Berlin, j'ai été émue aux larmes par le discours de Barrie Kosky (quel "homme" magnifique), par son choix d'illustrer l'opérette yiddish et cette manière comique qu'il a d'expliquer son histoire, sa magnifique entente avec la soprano Alma Sadé pour trois airs profondément émouvants.
Amsterdam met littéralement en scène la "représentation" en temps de distanciation physique. Immense plateau nu de l'Opéra encombré par des caisses contenant les instruments inutilisés, par un piano recouvert d'une grande toile où les artistes, dont un superbe violoniste (Tsibulevski), vont déambuler pour ne jamais s'approcher les uns des autres malgré la tentation. Mouvements magnifiquement éclairés et prise de vue presque cinématographique pour un véritable spectacle. Eva-Marie Westbroek est très belle et très engagée comme d'habitude mais la voix accuse toujours quelques stridences dans les aigus, tandis que Thomas Oliemans impressionne dans l'ensemble des morceaux globalement très judicieusement choisis (les paradis perdus... puis volver !).
Madrid ne laisse pas de grands souvenirs, prestation honnête des deux chanteurs, sans plus...
Et puis on se rend à Stockholm pour Nina Stemme, reine de la soirée, qui nous donne trois magnifiques morceaux du compositeur suédois Wilhem Stenhammar accompagnée au piano et... cerise sur le gâteau, fin en apothéose, "son" Liebestod, avec un orchestre allégé mais présent sous la direction d'Alan Gilbert. Pur moment de bonheur trop raccourci hélas...
A revoir ici


22 juin – Violanta (Korngold) – Teatro Regio Torino
Ce soir, le superbe et étonnant Violanta, du génial Korngold. Opéra de Turin.
Je viens seulement de visionner cet opéra que j'avais entendu en retransmission audio uniquement il y a quelques semaines (mois ? on ne voit plus le temps passer). Franchement il ne faut pas rater cette occasion de découvrir ou redécouvrir une oeuvre assez géniale du non moins génial Korngold, créé en 1016 à l'Opéra de Munich. Orchestration fabuleuse de complexité et écriture vocale difficile et exigeante pour les chanteurs mais permettant des numéros de haut vol particulièrement exaltants. Compliments d'abord au chef Pinchas Steinberg très inspiré dans sa direction d'un orchestre qui se situe à un bon niveau général. Rien à dire de spécial sur la mise en scène très esthétisante de Pier Luigi Pizzi, pour une oeuvre très "ramassée" en un acte (et donc le choix d'un seul décor, dominante rouge, masques vénitiens et tenues de soirée disons, parfois "osées", sans plus). Norman Reinhardt (Alfonso) domine le plateau, parfaitement adéquat au rôle difficile et tendu dévolu au ténor, du même style d'ailleurs que celui du Paul de Die Tote Stadt, exigences d'un compositeur sans doute parfois un peu inconscient alors des "limites" objectives de la voix de ténor. Pas grave, on a du coup, presque obligatoirement, de hautes pointures pour assumer ces difficultés.
Je serai moins enthousiaste à l'égard de la prestation d'Annemarie Kremer même si la stabilité de la ligne musicale n'est pas toujours au rendez-vous. Engagement parfait sur scène pour une Violanta sommes toutes, assez impressionnantes quand même. Michael Kupfer-Radecky (Simon) est inégal avec de très grands moments notamment lors de la scène finale.
A revoir, toujours disponible sur OperaVision (une mine d'oeuvres passionnantes...)




24 juin – Le Tour d’écrou (Britten) – Opera North
 Ce soir "le Tour d'écrou" de Benjamin Britten (d'après Henry James), bien chanté, bien joué, belle mise en scène. Une histoire de fantômes ou une histoire de fantasmes, that's the question.
Formidable ce “Turn of scree” dans cette oppressante mise en scène de Alessandro Talevi, dont j’avais admiré le travail, en 2015, à l’opéra de Rome, totalement différent, fait pour assurer une reconstitution soignée de la première représentation « historique » de Tosca à Rome. Talevi prend le parti « psychanalytique » dans les différentes lectures possibles de l’œuvre de Britten, elle-même tirée d’une nouvelle de James et sur un livret de Myfanwy Piper. Décors qui rend compte des obsessions, des fantasmes et de l’enfermement mental de la gouvernante, venue pour « sauver » les orphelins perdus dont elle semble « inventer » les peurs et les comportements étranges, l’ensemble de l’œuvre se déroule sans temps morts soutenue par la musique flamboyante de Britten, où l’on sent monter une insupportable tension au fur et à mesure que le « monde des monstres et fantômes » prend le pouvoir sur les êtres.
Bien dirigé par Leo McFall l’orchestre de l’Opera North confirme son talent singulier pami les formations musicales britanniques, très attaché à ce répertoire anglais assez rare à l’opéra finalement et excellent support du génie de Benjamin Britten.
La distribution est éblouissante tant les artistes épousent littéralement leurs personnages, c’est encore plus impressionnant finalement que bien des films d’épouvante basés sur le même genre d’histoire et lorsqu’on songe que ces formidables chanteurs/acteurs réalisent tout cela en direct, on comprend à quel point l’art vivant reste exceptionnel.
Il faut tous les nommer de l’effrayant Peter Quint de Nicholas Watts à sa comparse dans le monde des fantômes, la Miss Jessel d’Eleanor Dennis en passant par le rôle principal de la Gouvernante magistralement campé par Sarah Tynan ou celui de la si réaliste Mrs Grosede Heather Shipp sans oublier les extraordinaires performances des deux « enfants », la Flora de Jennifer Clark et surtout le Miles du jeune Tim Gasiorek, très bon chanteur de 13 ans, aussi à l’aise dans le jeu et qui donne sa dernière note de crédibiltié totale à l’ensemble.
A revoir sur Operavision. 





27 juin – Manon Lescaut (Puccini) – Opéra de Munich
Et ce soir, en retransmission, un de mes bons souvenirs de Munich, Jonas Kaufmann, Kristine Opolais, Alain Altinoglu à la direction, Hans Neuenfels à la mise en scène, Manon Lescaut de Puccini, valable quelques jours, profitez-en.
Revoir cette « deuxième » Manon Lescaut avec le couple, il faut le dire très glamour, Kaufmann/Opolais, confirme finalement plusieurs « impressions » d’époque pas toutes forcément positives. J’avais vu en salle déjà une fois (puis en retransmission cinéma) leur première expérience commune, à Londres au ROH, sous la direction de Pappano dans une mise en scène plutôt globalement « sexy » tablant beaucoup sur l’esthétique personnelle des deux héros et une incontestable « alchimie » tant physique que vocale qui avait fait des étincelles et suscité beaucoup de commentaires. Il y avait du charme, celui de l’innocence de la rencontre au début de l’histoire, des charmes, ceux de la belle Kristina en rose et bleu dans la partie où elle se perd, du désespoir magnifiquement rendu lors de la mort finale sur cet autoroute de la fuite à moitié détruit. Et puis c’était magistralement chanté par un Kaufmann qui inaugurait l’un de ses plus beaux rôles. Opolais n’était pas au même niveau de chant, c’était dommage mais on ne peut pas toujours avoir l’idéal en partenaire, se disait-on alors, sachant que quelques mois plus tard, un autre Manon Lescaut nous attendait à Munich avec cette fois… les deux meilleurs de l’heure, Kaufmann et Netrebko.
Malheureusement un mini-drame se jouait quelques jours avant la Première, amenant Anna Netrebko à se retirer pour désaccord avec les conceptions du metteur en scène, Hans Neuenfels, et se faisant remplacer par… Kristine Opolais.
C’était sans doute plus simple, mais c’était très décevant, ce, d’autant plus que la prestation de la belle soprano, semblait de plus en plus sur le fil du rasoir. J’ai vu cette production deux fois en salle à Munich, en décembre et surtout fin juillet lors du festival d’été, séance qui a été filmé et retransmise dehors devant l’opéra et en livestream. C’est cette séance qu’on peut revoir en ce moment.
Et c’est finalement un bien beau souvenir qui remonte à la surface malgré les limites.
La mise en scène est effectivement assez pauvre et assez vide, on peut facilement après coup, partager le ressenti qu’a exprimé plus tard et plus clairement Anna Netrebko, la conception de Neuenfels étant celle du metteur en scène qui « illustre » l’histoire comme un peintre le ferait, sans trop se préoccuper de l’aspect « opéra » et du chant, voire du jeu des acteurs. La somme de « tableaux » qui illustre donc le récit, n’est pas sans intérêt ni sur le plan de ce qu’elle traduit (vacuité de sentiments rattrapés par l’avidité voire la cupidité d’une société dominée par les pouvoirs de l’argent, et ses fidèles soutiens l’Eglise et l’Armée) mais, outre le fait que la volontaire stylisation des représentations (costumes uniques et volontairement grotesques pour chacune des « catégories » représentées – les étudiants, les soldats, les curés etc.-) n’est pas esthétiquement très réussie, les différents « tableaux » ne permettent vraiment pas à nos chanteurs d’exprimer vraiment ce qu’ils comprennent de leurs personnages et bride assez nettement leurs capacités à les incarner. C’est essentiellement par le chant et grâce à un final absolument bouleversant, totalement dépouillé et où le couple Kaufmann/Opolais fait des merveilles sur le plan scénique, que la représentation fait merveille malgré la mise en scène.
Si Opolais accuse alors à plusieurs reprises des difficultés dans les aigus, souvent rétrécis, Kaufmann, par contre, a mûri assez phénoménalement son interprétation par rapport à Londres et atteint une sorte de perfection dont je me rappelle à quel point elle m’a bouleversée en salle à l’époque, et dont je retrouve, malgré des mouvements de caméra assez inadéquats, l’essentiel dans cette retransmission bienvenue.
Excellent Lescaut de Markus Eiche, l’un des meilleurs entendus dans ce rôle, très bon Edmondo de Dean Power également, chœurs et seconds rôles du très bon niveau habituel de Munich et souvenirs de cette journée radieuse à l’issue de la représentation, quand nous avons accompagné les chanteurs sur les marches extérieures de l’opéra pour saluer les foules assises sur la place qui avait assité au célèbre « Oper für Alle », dernier jour du festival. Cet été nous aurions du avoir l’exceptionnel « Die Tote Stadt » vu en décembre dernier. Partie remise nous l’espérons…
A revoir ici




29 juin – 13ème « concert du lundi » - retransmission en direct – Opéra de Munich
Et ce fut le dernier "concert du lundi" pour un tout petit public munichois d'une centaine de personnes égarées au balcon et dans les "Ränger" pour une soirée à tous points exceptionnels.
Et d'abord du fait d'une prestation époustouflante de Jonas Kaufmann, forme vocale exceptionnelle et incarnation véritable des malheurs du poète abandonné avec ces "Chants d'un compagnon errant" que Gustav Mahler composa en 1890, illustrant le romantisme allemand et la cruelle destinée de l'amoureux trahi, victime du destin et errant dans la nature pour se consoler en vain.
Ecrits pour un accompagnement piano, ce cycle magnifique, a été orchestré par Arnold Schonberg.
On le sait, Kaufmann a toujours été un grand chanteur de Lieder, en même temps qu'un interprète d'opéra remarquable. 
Lors du "quatrième" lundi, il nous avait offert un "Dichterliebe" (Schumann) revisité, assez loin de premiers concerts, où l'émotion et les changements de rythme, de voix, de sonorités, de couleurs, n'avait jamais été aussi émouvant, aussi expressifs pour ces amours du poète, pour ce dernier lundi et dernier concert avant fermeture prématurée de l'Opéra de Munich et de sa saison 2019-20 amputée de son festival d'été.
Là c'est encore un cycle plus court et flamboyant qu'il nous proposait, qui avait fait l'objet d'une tournée en 2015, était passé par Versailles dans le magnifique opéra, et était accompagné d'un orchestre miniature sans chef, composé tout à la fois par les meilleurs musiciens du Berliner et ceux du Wiener, qui nous offrait tout un concert au-delà de ces courts "Chants d'un compagnon errant" de Mahler.
Entretemps, Kaufmann avait élargi sa palette "Mahler" avec deux concerts en 2016 (dont celui de Vienne avec le Philharmoniker a été gravé en CD par Sony) puis une tournée entière l'an dernier, en 2019, autour du Chant de la terre dont il inteprétait alors les deux voix.(1)
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Si je souligne le fait, c'est ce l'interprétation d'hier est délibérément plus dramatique et plus intense, inspirée de toute son expérience du Lied et du compositeur autrichien. Là où Mahler, chanté par Kaufmann, avait un petit côté schubertien, il s'apparente désormais résolument à la musique du 20ème siècle, à Strauss ou Korngold. 
Du premier "chant" Wenn mein Schatz Hochzeit macht (quand ma fiancée aura ses noces), on perçoit aussitôt le désespoir qui pointe sous le sarcasme, l'air faussement résigné et le chagrin intense dans ces vers "Singet nicht! Blühet nicht!/Lenz ist ja vorbei!" (ne chantez pas, ne fleurissez pas, le printemps est fini".
L'émotion est parfaite que traduit alors le ténor bavarois tant par la beauté du chant, la force d'un timbre sombre qui semble vouloir étouffer la lumière et la technique impressionnante, notamment celle de la prononciation des syllabes qui claquent alors, est à son comble.
Le deuxième chant (réutilisé par Mahler pour le début de sa première symphonie) "Ging heut' morgen über's Feld", est un magnifique hymne à la nature qui résonne étrangement dans ce monde en péril, une ballade qui se veut légère mais où laisse percevoir l'angoisse et le "chagrin" qui s'exprimera à la fin du chant.
Le style différent alors adopté souligne à quel point la maitrise technique de Kaufmann au service de l'expression et de la transmission du sens des mots et des sentiments, a atteint un sommet qui lui est propre et marque sans doute encore une évolution dans sa carrière au moins en ce qui concerne le Lied.
Le "Ich hab' ein glühend Messer" (j'ai un couteau à lame brûlante) est rageur et vif comme pour amener avec force un certain retour à la sérénité avec le doux "Die zwei blauen Augen von meinem Schatz", le pouvoir hypnotique de Kaufmann et son mélancolique "Liedenbaum" tétanise l'auditeur qui se sent envahi par l'apaisement progressif, le retour du bonheur et les yeux fixes comme hallucinés du poète, du chanteur, de l'interprète.
L'accompagnement des arrangements orchestraux de Schonberg (comme lors de la tournée de 2015) sont délicatement négociés par une petite formation de l'orchestre de l'opéra de Bavière, dirigée somptueusement par un Petrenko, attentif aux moindres inflexions de son chanteur. 
Un retour à la perfection munichoise.
Qui sera illustrée tout autant d'ailleurs par le beau choix musical du maestro, pour l'un de ses derniers concerts à Munich où il assure encore la direction musicale en parallèle avec sa prise de fonction à Berlin, pour quelques mois et pour terminer en apothéose, si tout va bien, par le Tristan et Isolde où Kaufmann et Harteros feront leurs prises de rôle.
Symphonie de chambre de Schonberg avec l'orchestre des "jeunes" (privé de son habituel concert lors du festival), puis la super suite "Pulcinella" de Stravinsky où Petrenko à la tête d'un orchestre beaucoup plus conséquent, sculpte littéralement la magnifique partition de son compatriote (on sent qu'il aime passionnément cette musique), pour finir par la suite orchestrale du Bourgeois Gentilhomme de Molière, composée par Richard Strauss, un opus extrêmement varié, souvent ludique, qui termine sur une note optimiste la soirée.
Notons que Bachler , directeur de l'opéra de Munich, vient la présenter en valorisant ses fidèles stars Kiril Petrenko et Jonas Kaufmann et leur présence pour ce soir de clôture. Et que nous verrons à l'écran lors de la retransmission, la présentation des nouvelles productions d'opéra et de ballets de la nouvelle saison. En espérant là encore que tout ira bien...


Programme complet :
Arnold Schönberg
Kammersymphonie Nr. 1 op. 9 für 15 Soloinstrumente
Langsam – Sehr rasch – Sehr langsam – Schwungvoll – Hauptzeitmaß

Orchesterakademie des Bayerischen Staatsorchesters
Einstudierung Allan Bergius

Igor Strawinsky
Suite aus dem Ballett Pulcinella für Orchester

Gustav Mahler
Lieder eines fahrenden Gesellen Nr. 1 - 4
(in der Bearbeitung von Arnold Schönberg)
1. Wenn mein Schatz Hochzeit macht
2. Ging heut' Morgen übers Feld
3. Ich hab' ein glühend Messer
4. Die zwei blauen Augen von meinem Schatz

Richard Strauss
Orchestersuite aus der Musik zum Bürger als Edelmann des Molière Op.60
1. Ouvertüre zum I. Aufzug (Jourdain - der Bürger)
2. Menuett
3. Der Fechtmeister
4. Auftritt und Tanz der Schneider
5. Das Menuett des Lully
6. Courante
7. Auftritt des Cleonte, nach Lully (Entry of Cléonte, after Lully)
8. Vorspiel zum II. Aufzug (Intermezzo, Dorantes und Dorimene - Graf und Marquise)
9. Das Diner, Tafelmusik und Tanz des Küchenjungen

Jonas Kaufmann, Tenor
Kirill Petrenko, Musikalische Leitung

Bayerisches Staatsorchester

Ce programme est disponible à la réécoute à partir du 2 juillet et jusqu’au 11 juillet
https://www.staatsoper.de/stueckinfo/13 ... 9ce7e3ba39

(1) Kaufmann a déclaré par ailleurs dans une interview récente, qu'il avait enregistré un CD de "Lieder" avec Helmut Deutsch le mois dernier, chez Sony.

A revoir ici

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