Lise Davidsen en récital au MET

Met Star live in concert : Lise Davidsen in Oslo

Avec James Baillieu au piano

En direct le samedi 29 Août à 19h, retransmission par le MET, disponible jusqu'au 12 septembre.

Lise Davidsen qu'on ne présente plus ici, aurait du incarner Léonore dans Fidelio au MET à la rentrée. Elle a déjà fait ses débuts à New York en Lisa dans la Dame de Pique lors de la saison passée. Remarquable dans les 4 derniers Lieder à la Philharmonie de Paris l'an dernier, elle s'était également distinguée en Elisabeth dans Tannhäuser l'an dernier à Munich puis surtout à Bayreuth, et pour mes derniers spectacles avant coronavirus, dans Fidelio au ROH en mars.

https://passionoperaheleneadam.blogspot.com/2020/03/le-beau-fidelio-de-londres-antonio.html

 Le Met l'a invitée pour le quatrième concert de sa série "Stars du MET". Elle chante direct d'Oslo (Oscarshall) sur le programme suivant :

“Dich, teure Halle”

From Wagner’s Tannhäuser

 

“Allmächt’ge Jungfrau”

From Wagner’s Tannhäuser 

 

Ved Rondane,” Op. 33, No. 9

By Edvard Grieg

 

En Svane,” Op. 25, No. 2

By Edvard Grieg

 

Våren,” Op. 33, No. 2

By Edvard Grieg

 

Morrò, ma prima in grazia”

From Verdi’s Un Ballo in Maschera

 

Säf, säf, susa,” Op. 36

By Jean Sibelius

 

Var det en dröm?” Op. 37

By Jean Sibelius

 

“Es gibt ein Reich”

From R. Strauss’s Ariadne auf Naxos 

 

Ruhe, meine Seele!” Op. 27, No. 1

By Richard Strauss

 

Cäcilie,” Op. 27, No. 2

By Richard Strauss

 

Heimliche Aufforderung,” Op. 27, No. 3

By Richard Strauss

 

Morgen!” Op. 27, No. 4

By Richard Strauss

 

Sola, perduta, abbandonata”

From Puccini’s Manon Lescaut

 

Johnny

By Benjamin Britten

 

Heia, heia, in den Bergen ist mein Heimatland

From Kálmán’s Die Csárdásfürstin 

 

“O lovely night!”

By Landon Ronald

 

When I have sung my song to you

By Ernest Charles

 

“I Could Have Danced All Night”

From Lerner and Loewe’s My Fair Lady

 

J'ai aimé toutes les apparitions en public de Lise Davidsen jusqu'à présent et je ne voulais donc surtout pas rater ce concert unique qui permet de voir la soprano en récital et donc, une étendue variée de son talent.

Lise Davidsen confirme amplement durant cette petite heure et demie où elle est seule avec son pianiste dans cette immense "hall",  qu'elle a une voix magnifique, des moyens vocaux impressionnants et un sens de l'interprétation très riche et très complexe. Je ne peux que recommander ce passionnant récital tout en évoquant aussi un fort sentiment de frustration face à tous les morceaux d'opéra, Wagner comme Strauss où le style récital avec piano sans public atteint ses limites, en rapport avec son aisance sur scène avec public et orchestre. Là l'exercice est difficile avec son seul pianiste, surtout dans les morceaux wagnériens ou straussiens d'opéra où l'orchestre est quasi-incontournable.

Son "“Dich, teure Halle” lors de ce concert, est beau, même magnifique, mais assez "froid" quand le même morceau retransmis lors de la finale du concours qui l'a révélée en 2015, est sidérant de vérité et d'émotion.

On lui pardonnera sans problème d'autant plus que par la suite dans des pièces plus intimistes, s'apparentant au Lied et en particulier dans Strauss qui lui sied à ravir, Grieg et ses magnifiques poèmes norvégiens mis en musique notamment le délicat « En Svane » (le cygne) et surtout Sibelius (“Säf, säf, susa,” Op. 36, “Var det en dröm?”) que j'ai adoré, elle révèle un vrai talent pour interpréter ces petits récits courts et souvent percutants, et l'on est très souvent submergé par l'émotion et fasciné par le charisme que dégage cette grande jeune femme à la voix d'une pureté cristalline. Lise Davidsen possède chevillée au corps et à la voix, cette culture nordique qu’elle exprime alors, avec sa part de rêves et de longs hivers où le printemps est un espoir sans cesse attendu. Rien que pour ces magnifiques morceaux, le récital vaut le déplacement. Les Lieder si souvent chantés par toute sorte d'artistes que sont "Morgen" ou "Cecilia" de Strauss trouvent de nouveaux accents et beaucoup de force dramatique. C'est un festival de beauté et d'émotion.

Et la soprano ne recule devant rien !

Un "Verdi", un "Puccini" pour montrer qu'elle ne chante pas que le répertoire germanique, l'un et l'autre nous laissent un peu sur notre faim dans un style encore trop uniforme, avec des aigus pas toujours très nets, mais bon, franchement, difficile de se faire une idée précise à ce stade de sa carrière sur ses débuts dans le répertoire italien.

Son extrait d'Ariane auf Naxos de Richard Strauss « Es gibt ein Reich » (sur un texte superbe de Hugo von Hofmannsthal, le premier air d’Ariadne abandonnée sur son île par Thésée et qui se désespère est beaucoup plus intéressant (malgré l'absence de l'orchestre). Lise Davidsen y montre là son art et sa manière de chanter Strauss sans jamais forcer sa voix naturellement « immense » et qui passe harmonieusement toutes les difficultés vocales imposées. On la sent beaucoup plus à l'aise malgré le "format" imposé que lors du début du récital. Elle a pris ses marques.

Il en est de même pour l'extrait proposé par le MET de sa prestation en Lisa dans la Dame de Pique de Tchaikovsky en janvier dernier qui fait sincèrement regretter de ne l'avoir entendue qu'en retransmission audio piratée. Un rôle magnifique pour la soprano norvégienne...dont on peut vérifier à l’occasion le talent dramatique et l’investissement sur scène. Une « Lisa » tout à la fois puissante et juvénile, une alchimie très rare aujourd’hui à l’opéra dont on ne se lasse pas.

Les derniers morceaux (Britten, Kalman et quelques autres) sont sympas et très bien interprétés et prouvent son sens de l'humour, sa capacité à passer à une musique plus légère tout en gardant la richesse de son timbre, pour finir un récital bien mené globalement et où son pianiste (un peu emprunté pour tenter de faire oublier l'orchestre wagnérien) se montre plein de talents et de gaité par la suite.

Pour finir, j'ajouterai que, comme Anja Harteros, Lise Davidsen a une voix infiniment plus émouvante en direct qu'en retransmission. Il faut absolument la voir sur scène...Mais en attendant, n'hésitez pas, payez vous cette bien agréable prestation !


En direct le samedi 29 Août à 19h, retransmission par le MET, disponible jusqu'au 12 septembre.

https://www.metopera.org/?gclid=CjwKCAjwqML6BRAHEiwAdquMnZR4avsJDeTugu34oUXH-SG2fgSJA7FchDhm5amsK9nqKlR3EhcAThoCKqgQAvD_BwE&gclsrc=aw.ds

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