Le timbre d'argent - Opéra Comique - 11 juin 2017

Le Timbre d'argent


de Camille Saint-Saëns


François-Xavier Roth / Guillaume Vincent
Décors James Brandily
Costumes Fanny Brouste
Lumières Kelig Le Bars
~
Circée Raphaëlle Delaunay
Hélène Hélène Guilmette
Rosa Jodie Devos
Spiridion Tassis Christoyannis
Conrad Edgaras Montvidas
Bénédict Yu Shao

Coproduction avec Palazzetto Bru Zane, Venezia; Oper Köln





Séance du 11 juin 2017, après midi, à l’Opéra Comique


Ce n'est pas toujours évident d'analyser dans les détails une oeuvre vue et entendue pour la première fois. Comme c'est une oeuvre simple sur le plan dramatique mais assez touffue sur le plan musical, il faut un peu de temps pour en "comprendre" tous les méandres.

On a plusieurs fois l'impression d'une juxtaposition un peu patchwork de plusieurs styles qui s'enchainent sans vraie progression logique : certaines parties sont très longues, d'autres très courtes alors qu'on s'attend plutôt à les voir développées et fouillées, il y a de très longues parties solo notamment pour le ténor qui doivent être assez épuisantes (et parfois un peu soporifiques pour le spectateur) et des duos très rapides et très courts et puis il y a des scène surprenantes qui prennent le spectateur à contre pied comme celle, où le "Monsieur Loyal" de la revue apparait pour ce qu'il est "le diable", dans un air qui relève plus de l'opérette que du drame qui se noue.

Mais tout cela est quand même globalement très plaisant surtout, sans doute, parce que c'est remarquablement mis en scène par Guillaume Vincent et interprété (heureusement que ce n'était pas une version concert), ce qui sort de l'ennui à chaque instant le spectateur, sollicité par mille trouvailles plaisantes qui utilisent la salle Favart du plancher au plafond, plaçant souvent le public au milieu du spectacle. Il faut également saluer le travail des décorateurs et des éclairagistes. J'ai trouvé la mise en scène inventive et contrastée, évoquant souvent l'univers et l'atmosphère ambiguë entre rêve et réalité dont David Lynch s'est fait une spécialité avec Twin Peaks.

Musicalement cet après-midi, comme les autres soirs visiblement, c'est le Spiridion de Tassis Christoyannis qui l'emporte sans difficulté : il maitrise totalement son rôle, nous emporte dans un tourbillon musical et dansant, changeant d'allure et de costume, d'accent et de style, et emportant l'adhésion sans aucun problème. Un surdoué du chant et du théâtre. Mais viennent tout de suite derrière pour moi, le délicieux couple formé par Yu Shao (Bénédict) et Jodie Devos (Rosa), voix aux timbres magnifiques, personnages très généreux et très émouvants et maitrise parfaite, là aussi, de la partition et de la mise en scène. Je suis moins convaincue par Edgaras Montvidas, comme d'habitude le concernant. Pourtant il a un sacré abattage, ne recule devant aucune difficulté, balance tous ses aigus triomphalement, ne semble même pas essoufflé après les vrais marathons vocaux que la partition lui impose et ne chipote pas quand il doit se promener du haut en bas de la gamme sans respirer. Mais son timbre est comme toujours parfois très beau et parfois moins. Quand à Hélène Guilmette, je ne sais pas, quelque chose ne colle pas tout à fait dans sa voix et l'ensemble n'était pas toujours bien "lissé". Mais tout ceci est très secondaire : le plateau était très satisfaisant et très bien travaillé par tous les artistes pour une oeuvre où les références sont quasi absentes.

SI on considère que les choeurs (à qui Saint-Saens a réservé le meilleur de la partition) ont été excellentissimes et que François-Xavier Roth a dirigé son très bon orchestre d'une main de maitre, on peut sans problème saluer la performance globale et considérer qu'elle mérite largement un premier DVD qui permettra à l'oeuvre de se faire davantage connaitre.
Sans égaler (de loin) l'intérêt suscité à juste titre par l'autre opéra récemment exhumé par le PBZ, la Reine de Chypre d'Halévy, l'oeuvre de Saint-Saens, mérite d'avoir sa discographie.


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