Salomé - Festival de Verbier - 21 juillet 2017
Salomé
Richard Strauss
D’après la nouvelle d’Oscar Wilde
Opéra en un acte – 1905 -
Version Concert
Festival de Verbier 2017
Séance du 21 juillet 2017
Direction musicale : Charles Dutoit
Orchestre du Verbier Festival.
avec
Gun-Brit Barkmin : Salomé
Jane Henschel : Herodias
Egils Silins : Iokanaan
Gerhard Siegel : Hérode
Andrew Staples : Narraboth
C’étaient les adieux de Charles Dutoit qui
assure la direction musicale du festival de Verbier pour la dernière année.
Cela ne l’empêchera pas de revenir en invité.
C’est dire si son exceptionnelle Salomé
était attendue et le chef fut fêté à l’issue de la représentation, enlevée en
1h45 sans entracte, sans temps mort, comme une flamboyante descente aux enfers
scénographique et musicale.
Les musiciens de l’orchestre avaient déployé une
banderolle “Merci Charles” avec le “V” du festival. Emouvant et mérité.
Car cet opéra (que personnellement j’adore)
est tout sauf facile à diriger. L’écriture musicale y est riche et complexe
avec des variations de style constantes et une très difficile partition pour
les rôles principaux en tension permanente, aigus brutaux à sortir “forte”,
descente vers le bas de la tessiture tout aussi soudains, zone d’inconfort
permanente pour les chanteurs.
L’histoire elle aussi, écrite par Wilde sur
la base de la mythologie de la sulfureuse reine Salomé, est violente et sans
concession : la princesse fait décapiter le prophète Jean-Baptiste parce qu’il
refuse ses avances et se fait offrir sa tête sur un plateau. De célèbres
morceaux de bravoure comme l’air de la danse des sept voiles oblige la soprano
à des acrobaties musicales accompagnées d’une grande expressivité nécessaire
pour rendre au rôle toute sa complexité.
Et le deuxième atout de cette
version-concert où aucun des chanteurs ne reste collé derrière son pupitre,
c’est la performance de la soprano Gun-Brit Barkmin que j’avais déjà remarquée
(et appréciée) en Marie dans Wozzeck de Berg à Paris- Bastille il y a trois mois.
Elle se donne à fond dans le rôle, le joue,
le vit, le chante superbement (on oublie quelques tensions parfois dans les
aigus), et emporte la salle dans une ovation méritée à l’issue de la
représentation. Elle a tenu en haleine tous les spectateurs rivés sur le
personnage qu’elle a incarné avec autant de passion que de folie sous l’oeil
attentif et émerveillé du chef.
Ses partenaires sont plus inégaux mais la
suivent sur le chemin de l’expression scénique, lui rendent la réplique avec
conviction, et ma foi, ne se débrouillent globalement pas mal du tout en
particulier : le charmant Narraboth du jeune Andrew Staples et l’Hérode sanguin
et brutal de Gerhard Siegel. L'Herodias de Jane Henschel, surprenante artiste toujours très engagée, est également très réussi et très convainquant. Mes réserves iront (un tout petit peu) au Iokanaan de Egils Silins, qui semble fournir beaucoup d'effort pour réussir sa prestation, sa voix étant parfois à la peine.
Comme souvent l’orchestre du Verbier
Festival, composé de très jeunes talents, fait merveille par sa fraicheur d’interprétation
et l’excellence de ses solistes.
Et que cet opéra est beau....
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