Concert Franck-Mahler, Les Siècles et FX Roth - 5 mars 2018 -Philharmonie de Paris
Concert Franck-Mahler, Philharmonie de
Paris
César Franck
Symphonie en ré
Gustav Mahler
Symphonie n° 1 "Titan"
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction
Lundi 5 mars 2018
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Roth, le 5 mars à la Philharmonie de Paris |
L’une des premières qualités de la
Philharmonie de Paris, outre son exceptionnelle acoustique pour les oeuvres
symphoniques et notamment celles de la fin du 19ème et du 20ème siècle, est
d’inviter régulièrement les chefs les plus intéressants, les plus inventifs et
les plus surprenants.
François-Xavier Roth en fait partie, lui
qui a fondé son propre orchestre “les Siècles” lequel s’attache scrupuleusement
à ne jouer que sur des instruments de l’époque de l’oeuvre.
Il nous ainsi donné des Berlioz fabuleux...
Né en 1971, il est flûtiste et français et
a été l’assistant du génial John Eliot Gardiner, notamment sur les Troyens ou
Benvenuto Cellini.
Les Siècles sous sa direction ont
accompagné Sabine Deviehle dans son dernier et très beau CD, qui a remporté la
Victoire de la Musique 2018 du meilleur enregistrement.
Le programme d’hier soir nous proposait dans
une grande harmonie, la symphonie en ré (mineur) de César Franck et la fameuse
et atypique (comme toutes les symphonies de Mahler) numéro un dite Titan, en ré
également (mais majeur).
Les deux oeuvres sont contemporaines (1889) et
pourtant, elles appartiennent à deux époques différentes : la première est un
symbole de la fin de la période romantique, la deuxième est une ouverture
fabuleuse à ce que le 20ème va nous offrir d’oeuvres puissantes qui bousculent
le classicisme en offrant une part majestueuse et splendide aux cuivres, aux
bois et aux percussions.
La symphonie de Franck propose des passages
très lyriques, un magnifique solo de clarinette basse et beaucoup de richesses
musicales, le tout emprunt d’une certaine mélancolie.
C’est superbement interprété par cet
orchestre qui, dans sa recherche d’authenticité, sait nous donner des sonorités
recherchées qui ne sont pas forcément le tout-venant habituel de l’orchestre
symphonique actuel.
Mais le morceau de choix est assurément
cette “Titan”, une version originale, chef d'oeuvre absolu de la musique classique, puisque Roth est allé rechercher l'une des versions de la partition d'origine en 5 mouvements, les
instruments allemands de l’époque de sa création, l’acoustique et les
spatialisations possibles des cors (au nombre de 7 plus une doublure !) font le reste.
Nous
avons l’impression d’écouter une oeuvre nouvelle et en tous cas, nous pouvons
profiter totalement de la richesse instrumentale de la partition que Mahler
écrivit en peu de temps et qui témoigne de son génie et de son apport décisif
au renouvellement de l’orchestration.
A cette époque Mahler a 28 ans, il est chef
d’orchestre à Budapest et dirige l’Or du Rhin et la Walkure.
Le 20 septembre 1889 il présente ce qui
s’appelle encore un poème symphonique en 5 mouvements et deux parties, à
Leipzig.
Le poème symphonique dans sa version
originale est ainsi découpé :
TITAN
Eine Tondichtung in Symphonieform in zwei
Teilen
Erster Teil
1. Langsam. Schleppend
2. Andante con moto « Blumine »
3. Kräftig bewegt (Langsames Walzertempo)
Zweiter Teil
4. Feierlich und gemessen, ohne zu
schleppen
5. Stürmisch bewegt
La deuxième partie particulièrement
audacieuse et iconoclaste qui contient des accents de jazz totalement
précurseurs à cette époque, allie des moments qui sont presque de la valse
musette puis des moments sonores et déchirant où cuivres et percussions se
répondent dans un ensemble suffisamment “choquant” pour que le public de
l’époque rejette totalement l’oeuvre qu’il ne comprend pas et qui lui parait
totalement incohérente.
Plusieurs précisions sont alors apportées notamment un programme détaillé qui accompagne le concert, puis quelques corrections à la partition elle-même notamment la partie "Blumine", pour aboutir à cette version encore fidèle à la structure d'origine, donnée en 1894 à Weimar et que nous avons entendue ce soir.
Plusieurs précisions sont alors apportées notamment un programme détaillé qui accompagne le concert, puis quelques corrections à la partition elle-même notamment la partie "Blumine", pour aboutir à cette version encore fidèle à la structure d'origine, donnée en 1894 à Weimar et que nous avons entendue ce soir.
Mahler fit enfin en 1896, de son poème grandiose une symphonie plus "contractée" en retirant des mouvements (Blumine notamment). Elle est
généralement donnée sous la forme plus “classique” (bien que Mahler ne soit
jamais vraiment classique) d’une symphonie en quatre mouvements.
C’est dire comme l’expérience d’hier soir
était particulièrement excitante. Le public, manifestement connaisseur, a
apprécié l’extraordinaire retour aux origines permis par les Siècles et la
direction attentive d’un chef, fin musicien, amoureux d’authentique, que nous
avons eu, hier, l’immense plaisir d’ovationner à l’issue d’un final qui laisse
sans voix.
Quelques versions de référence pour les curieux, Bernstein puis Abbado.
A noter : l'un des événements de la prochaine saison de la Philharmonie de Paris sera le "concert monstre", Berlioz, le 24 juin 2019 avec FX Roth et les "Siècles
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-vocal/19103-concert-monstre-berlioz?date=1561401000
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