Il sera Posa à Bastille dans Don Carlo de Verdi : entretien avec Etienne Dupuis, baryton

Entretien avec Etienne Dupuis, le baryton de Montréal. 

Nous avons rencontré Etienne Dupuis juste avant une répétition du Don Carlo de Verdi, reprise en italien de la mise en scène de Krzysztof Warlikowski à l’Opéra de Paris Bastille. Il y chantera Rodrigo marquis de Posa, l’un des cinq rôles principaux de l’œuvre de Verdi, donnée en 5 actes, pour 10 représentations à ne pas rater ! 
Baryton, originaire de Montréal, Etienne Dupuis s’est déjà produit dans beaucoup de rôles en France (Marseille notamment le connait bien !) et singulièrement à Paris, au théâtre des Champs Elysées comme à l’Opéra de Paris, Bastille et Garnier. Régulièrement couvert d’éloges par les critiques et le public dans des rôles aussi divers qu’Eugène Onéguine ou Don Giovanni, Etienne Dupuis revient, pour les lecteurs d’ODB, sur sa jeune carrière et nous fait part de ses réflexions et de ses envies.


Photo Yann Bleney

Bonjour et merci, cher Etienne Dupuis. Je vous ai entendu avec beaucoup d’intérêt dans toute une série de rôles à Paris -en Oreste dans la reprise de Iphigénie en Tauride à Garnier, et successivement en en Pelléas à Bastille, en Belcore dans l’Elixir d’amore et puis évidemment en Don Giovanni à Garnier. A chaque fois je vous ai remarqué et je me suis dit : voilà une voix, une présence, un style qu’on n’oublie pas. Parlez-nous de votre parcours depuis Montréal…
Pour évoquer mes débuts je citerai d’abord la version « opéra » de Starmania (1), qui a été donnée à Montréal en 2008 et où je chantais Johnny Rockfort. C’était une très grande réussite. Le chef Simon Leclerc en avait assuré les arrangements en restant très fidèle à ce qu’avait composé Michel Berger, lui-même grand connaisseur de musique classique et qui avait rêvé de voir son œuvre devenir un véritable opéra. 
J’ai pris énormément de plaisir à incarner un rôle dont la tessiture était proche de celle d’un ténor (le rôle avait été écrit pour la voix de Balavoine capable d’un ambitus important), j’avais plus d’aigus à chanter que le ténor Marc Hervieux qui interprétait « Zéro janvier ».
Je me rappelle que j’avais été, alors, remarqué par les critiques alors que je n’étais pas connu contrairement aux autres artistes de la production.
Malheureusement, malgré notre envie à tous, cette version « opéra » n’a pas quitté Montréal du fait de désaccords entre les différentes parties prenantes. J’ai toujours pensé que Michel Berger aurait adoré cette version…
Ensuite j’ai enchainé différents rôles de « personnages » forts et typés de l’opéra : Marcelo, Silvio, Zurga. Des rôles qui ont été un peu des cartes de visite jusqu’au Barbier que j’ai chanté à Munich puis à Berlin et qui m’a ouvert beaucoup de portes. Deux places allemandes prestigieuses qui me remarquent en Figaro, cela compte dans une carrière ! Je me suis parfaitement installé dans ce rôle.

Vous avez également chanté beaucoup d’autres rôles importants de baryton comme Eugène Onéguine ou Rodrigo que vous reprenez à Paris…
Oui justement, il se trouve que j’ai chanté ces deux rôles quasiment en même temps à Berlin et ce n’était pas évident. J’avais accepté en considérant que le rôle de Posa, en italien, ne serait pas trop difficile à apprendre et que j’aurais le temps de me concentrer sur l’apprentissage d’un rôle en langue russe. En fait l’exercice a été difficile ! Chanter dans une langue que l’on ne connait pas, n’est pas évident. Pour moi « acter » un rôle est fondamentale, je ne conçois pas d’arriver sur la scène et de chanter sans rien comprendre de chaque mot que je prononce, sinon je chante mal. Or, Eugène Onéguine, c’est Pouchkine, c’est de la poésie. Tchaikovsky a repris les vers magnifiques de l’auteur et il faut absolument les scander correctement. Heureusement la musique est là pour appuyer sur les syllabes importantes et aider le chanteur mais il m’a fallu quand même quasiment « traduire » deux fois. Une première fois mot à mot, puis une deuxième fois pour saisir le sens général et la poésie des phrases. J’ai fait un jour une répétition d’Eugène Onéguine dans la journée, et la représentation de Don Carlo le soir…
Cet Eugène Onéguine reste un excellent souvenir cependant (sourire) car c’est lors des répétitions que j’ai rencontré ma future femme, (la soprano australienne) Nicole Car. 

Que j’ai entendue également en Tatiana à Bastille aux côté de l’Eugène Onéguine de Peter Mattei. Elle remplaçait Sonya Yoncheva et a remporté, à juste titre, un très grand succès d’ailleurs…
Oui en effet, Tatiana est un rôle qui lui convient très bien et qu’elle maitrise parfaitement. Nous avons chanté à nouveau cet Eugène Onéguine ensemble à Montréal en septembre. Autant l’opéra est connu ici en France, autant au Canada c’est une rareté. 
Il n’avait pas été donné depuis vingt-sept ans à Montréal !

Les liens entre la France et la Russie étaient forts du temps où Pouchkine écrivit cette nouvelle…
Oui l’aristocratie parlait français, c’était sa langue officielle, même si justement Pouchkine a rétabli la pratique du russe dans l’intelligentsia

En effet il était slavophile, pas de problème de russe pour Nicole Car…
Non elle a même chanté Tatiana lors du dernier Eugène Onéguine de Dmitri Hvorostovsky il y a trois ans à Londres en 2016, c’était dur et émouvant. Il était très malade mais incroyablement courageux, il avait des vertiges mais retournait répéter et c’était tout simplement admirable… j’étais sa doublure pour le cas où… c’était la production de Kasper Holten (créée en 2013 au ROH), une coproduction avec l’opéra Australia. 

Et vous allez d’ailleurs à nouveau interpréter ensemble vous et Nicole Car, ce même Eugène Onéguine l’été prochain à Sydney 
Oui c’était prévu ainsi dès le début !

Vous avez un répertoire assez vaste et même assez varié, quel est le rôle qui vous a laissé le meilleur souvenir ? 
Joseph De Rocher, le « héros » de l’opéra de Jake Heggie et Terrence McNally, Dead Man Walking, cet opéra sur la peine de mort qui a été écrit à partir de l’œuvre de sœur Helen Prejean, la « dernière marche ». L’opéra a été créé en 1998 à San Francisco. J’ai eu ce rôle magnifique lors de la reprise à Montréal en 2013 et j’ai réussi à totalement « habiter » ce condamné à mort assassin. J’étais entré dans ce personnage sombre à souhait, alors que je suis plutôt d’un naturel jovial (rires) mais bon, je pense que j’étais dans une situation personnelle qui favorisait mon implication totale. C'est un opéra contre la peine de mort mais qui montre en même temps la double souffrance, celle des familles des victimes de l'assassin et celle du condamné qui va mourir. C'est très fort à l'instar de la véritable campagne de Soeur Helen qui mène réellement une action exemplaire contre la peine de mort !
Dead Man Walking, Opéra de Montréal, credit Yves Renaud
En fait, l’acteur chez moi est fondamental. J’aime incarner des personnages complexes. J’ai adoré le Don Giovanni sociopathe que Ivo Van Hove m’a proposé à Garnier. En plus j’étais avec Philippe Sly qui me ressemble, mon double en Leporello et je crois que nous avons fait encore plus de théâtre que d’opéra. Don Giovanni a beaucoup de récitatifs et peu d’arias donc pas de problème pour composer vraiment un personnage…
Photo Yann Bleney

C’est la raison pour laquelle on se rappelle de votre Don Giovanni, de votre Pelléas…
Oui quand je lis les critiques, j’apprécie en effet que l’on juge mon interprétation et pas seulement mon chant. Même si c’est pas toujours évident : mon Don Giovanni a été diversement jugé et pas toujours compris, mais j’ai eu vraiment l’impression de donner une lecture spécifique du personnage. Après, il reste le génie de Mozart…

…et son incroyable modernité
Oui, (sourire) oh que oui ! C’est un personnage de théâtre avec toutes ses facettes, un personnage fascinant !

Votre rapport aux critiques justement ?
Je les lis presque toutes (sourire). C'est important pour moi de voir ce qui a été dit même si je ne suis pas forcément d'accord évidemment. 

Et votre pire souvenir d'opéra ?
(rires)
Un Claudio dans Beatrice et Benedikt de Berlioz à Bruxelles, monté sous un chapiteau loin de tout pendant la fin des travaux à l’opéra. C’était en 2016 avec un metteur en scène qui exigeait que nous soyons tous présents en permanence et qui semblait changer tout le temps d’avis sur ce qu’il voulait de nous. Cela a duré 6 ou 7 semaines. C’était mortel…il réécrivait tout, tout le temps, bref, c’est le genre de choses que j’espère ne plus jamais faire. On ne pouvait même pas aller boire un coup au café du coin parce qu'il n'y avait strictement rien alentour ! Pour finir, Nicole est venue nous aider pour le ravitaillement et c'était d'un coup beaucoup plus sympa !
  
Votre rapport aux metteurs en scène ? Par exemple avec Warlikowski pour ce Don Carlo à Paris ? Vient-il reprendre la mise en scène avec ses nouveaux interprètes ?
Oui Warlikowski est présent pour reprendre sa mise en scène, il l’est depuis les premières séances de travail, il doit adapter son travail à la version italienne qui est un différente de la version française d’il y a deux ans. Ce sont les chanteurs qui ne sont pas là (rires), enfin pas encore ! Plusieurs finissent des engagements sur d’autres scènes, d’autres ne sont pas encore arrivés, bref, l’équipe est loin d’être déjà réunie. En attendant, avec Nicole, on assure les séances de travail avec Warli (rires). Il est très précis, sait très bien ce qu'il veut exactement.
C’est un grand metteur en scène même s’il lui arrive de me demander des choses qui me gênent comme par exemple de fumer une cigarette, je suis tellement contre le tabagisme que cela me pose problème !

Je ne me rappelle pas que Tézier ait eu une cigarette à fumer il y a deux ans...
J’imagine qu’il a dû refuser. Je pense qu’on trouvera un compromis avec une cigarette sans tabac. C’est un exemple des problèmes qu’un chanteur peut avoir avec un metteur en scène. 

D’une manière générale quelle est votre appréciation des metteurs en scène avec lesquels vous avez travaillé ? Vous avez rencontré déjà quelques-uns des plus célèbres, outre Warlikowski par deux fois, comme Ivo Van Hove pour Don Giovanni, Laurent Pelly pour l’Elisir, Bob Wilson pour Pelléas ?
 Si le metteur en scène parvient à garder intacte la charge émotive, c’est OK pour moi. Par contre si celle-ci est détruite je n’adhère pas du tout. Et comme j’attache énormément d’importance à l’incarnation d’un personnage, j’ai besoin d’avoir un peu de liberté pour interpréter mon rôle sur la base des indications du metteur en scène sinon j’ai davantage de difficultés…
Prenons Wilson par exemple dont j’admire énormément le talent, j’aime beaucoup ses idées qu’il expose longuement d’ailleurs au départ, mais j’apprécie moins sa manière de les traiter. Avec Wilson on est très contraint : il faut garder le bras levé, s’aligner parallèlement à la bordure de la scène, tourner bizarrement la tête, bref, c’est précis au millimètre et pas toujours facile à réaliser avec naturel. C’est une esthétique visuelle sans aucun doute mais pour un chanteur d’opéra c’est difficile… Pelly c’est autre chose, mais finalement ses demandes sont également d’une très grande précision. Il sait aussi exactement ce qu’il veut que nous fassions tous à chaque seconde. Pour lui aussi, dans un genre différent, l’esthétique visuelle est fondamentale. En fait j’aime bien pouvoir me lâcher, sinon je me sens moins à l’aise. C’était très bien avec Van Hove par exemple.
Don Giovanni photo is from this year's production at the Paris Opera

Et votre metteur en scène préféré ?
Serge Denoncourt. J’ai notamment fait les « Feluettes » (3) avec lui (création de l’opéra de Montréal en 2016). 
Les Feluettes, Opéra de Montréal, credit Yves Renaud
C’est un metteur en scène de théâtre qui a fait un peu d’opéra et surtout, qui est toujours à la recherche de nouvelles créations, de projets musicaux. Il a réalisé la comédie musicale « Bernadette de Lourdes » en juillet dernier sur place par exemple. Il a une très grande compréhension des contraintes du chanteur et ne va pas lui demander des postures ou des gestes incompatibles avec le fait de chanter. C’est très appréciable. Je l’ai vu donner également des conseils très avisés à des chanteurs qui n’étaient pas de très bons acteurs et avaient tendance à en faire des tonnes ou au contraire à ne pas savoir bouger sur scène. Il donne des consignes claires et simples : regarde le sol, serre les poings et tu pourras interpréter un homme en colère sans caricaturer tes gestes…
Photo Yann Bleney

Vous avez également croisé pas mal de chefs d’orchestre ? Vos rapports avec eux ? Fabio Luisi par exemple pour Don Carlo ?
Je ne l’ai pas encore vu (rires). Nos répétitions avec lui commencent ce soir justement. Je dirai qu’en général je m’entends très bien avec tous les chefs d’orchestre. Je n’aime pas trop quand on me demande d’imiter untel ou untel ou quand un chef décide de faire des coupures dans un air que j’apprécie beaucoup et qui donne du sens à mon rôle… 

Les coupures viennent de qui en général ?
Du chef, du metteur en scène, du chanteur, des contraintes horaires du théâtre cela dépend. Les questions de coûts des orchestres sont importantes outre atlantique et il peut arriver qu’une œuvre ne « doive » pas dépasser un certain timing global pour cela. Personnellement j’aime bien chanter mes airs en entier sans coupure. 
Une fois on m’a demandé de couper dans un récitatif de Figaro parce que c’était incompréhensible… j’étais sidéré, car c’est le rôle qui veut cela…(sourire et soupirs…). 

Vous allez chanter ce Posa dans les deux distributions (que j’irai voir toutes les deux d’ailleurs). J’imagine que cela vous fait particulièrement plaisir de chanter avec Nicole Car, qui est votre femme et une partenaire de qualité, vous vous êtes connus à l’opéra d’ailleurs…
Oui cela nous fait très plaisir à tous les deux. Elle répète déjà le rôle d’Elisabetta qui est une prise de rôle pour elle. Il n’y a que deux changements sur les cinq rôles principaux de ce Don Carlo, les trois autres, Anita Rachvelishvili en Eboli, René Pape en Filippo et moi en Posa, assurent les dix représentations ce qui donnera, je pense, un vrai travail d’équipe si tout le monde arrive suffisamment tôt. La deuxième distribution, avec Nicole et Fabiano, sera globalement plutôt jeune ce qui correspond quand même d’un peu plus près à l’âge des rôles. La vraie Elisabetta n’a que quatorze ans. Même si ce ne sont pas les mêmes quatorze ans qu’aujourd’hui, bien sûr et que le rôle n’a évidemment pas été écrit pour une adolescente ! Le rôle est écrit pour une femme plus âgée. Cela rend l’opéra plus crédible si Romeo et Juliette n’ont pas 60 ans!    

On dit parfois que Posa est le rôle principal de Don Carlo... et ce n'est pas un rôle facile !
Oui surtout dans la version italienne en 4 actes où Don Carlo, n’ayant pas l’acte de Fontainebleau, a finalement moins à chanter que Posa qui a des duos avec Don Carlo, avec Filipo, le fameux trio avec Eboli en plus de ses airs propres et du fameux air de sa mort qui est sans doute le plus beau de l’opéra.
Ceci dit ma première expérience berlinoise reste un très grand souvenir. J’étais avec une distribution fantastique : Anja Harteros, Anna Smirnova, et le Don Carlo de Rolando Villazon qui n’avait pas encore de trop grands problèmes de voix et nous avons été ovationnés par le public, c’était un premier Posa inoubliable pour moi et je n’avais que 35 ans !
  
J’ai noté que vous aviez participé à des opéras contemporains et même des créations mondiales à Montréal, notre site ODB avait d’ailleurs chroniqué votre participation à l’opéra de Silvio Palmieri, Elia en 2004, en soulignant « l'exceptionnel travail d'Étienne Dupuis (Carlo), qui s'avère déjà un grand baryton» (3). On peut citer aussi Another Brick in The Wall (il s’agit du célèbre Disque de Pink Floyd) de Julien Bilodeau. Parlez-nous un peu de ces expériences (je crois que vous en avez eu plusieurs).
Elia, ce n’était pas très facile, j’étais dans un programme « jeunes artistes » et je me suis retrouvé face à un texte en plusieurs langues auquel je ne comprenais pas grand-chose. Il a fallu l’arrivée du metteur en scène pour que l’histoire prenne du sens. Mais en gros, cela reposait sur les fantasmes sexuels d’une femme et la frustration d’un homme. Pas évident du tout.
Par contre « the Wall » est un très bon souvenir en effet, c’était un très bel opéra contemporain et pourtant il a été critiqué à la fois par les amateurs d’opéra « pur » et par les fans de Pinkfloyd. Mais beaucoup de spectateurs ont aimé le résultat au contraire. Ce fut une très bonne expérience pour moi.

Vos projets et vos rêves ? J’ai noté outre l’Eugène Onéguine avec Nicole Car à Sydney, un futur don Carlo di Vargas de la Forza del destino… D’autres projets et envies ? Vers où voulez-vous voir évoluer votre répertoire ? Baryton verdien après Don Carlo et la Forza ? 
La Forza oui, en fait pour se réaliser en Don Carlo di Varga il faut un bon Alvaro parce que sinon, c’est un rôle de brute en fait, sans évolution du personnage malgré les péripéties. Alvaro a tiré sans le vouloir mais Don Carlo s’en fout, il veut le tuer. Il devient son ami en lui sauvant la vie mais dès qu’il comprend qui il est, tout s’envole, sa folie meurtrière reprend le dessus sans état d’âme. Bref il faut toute la subtilité d’un bon Alvaro (comme Kaufmann, sourire…), pour pouvoir donner un peu d’intérêt au rôle en réalisant les trois exceptionnels duos…
Sinon Verdi oui… Iago, Macbeth, Simon Boccanegra, Rigoletto (mais plus tard…) et Wagner pourquoi pas, mais alors Wolfram. 
Mais en fait je suis plutôt attiré par le défrichage d’œuvres rarement données notamment dans le répertoire français : Massenet, Halevy, Saint Saens, Gounod, leurs œuvres les plus méconnues en particulier. Il reste énormément à découvrir et à promouvoir. Je pense au Cid, à Don Quichotte, à Sapho, la Navarraise, Esclarmonde, Herodiade, Thérèse – j’ai d’ailleurs participé à l’enregistrement fait par le Palazzetto Bru Zane sous la direction d’Alain Altinoglu, comme j’avais participé à la « Reine de Chypre ».  Le nouveau directeur de l’ONP, Alexandre Neef a dit qu’il donnerait des garanties à ce sujet. On verra bien… je l’espère !

Justement, après quelques belles intégrales dont Thérèse et la Reine de Chypre, vous avez d’autres projets d’enregistrements ? Il y a bien peu d’albums solo de barytons malheureusement ? Un projet à deux peut-être ? Du Lied ?
Il faut remercier le label Palazzetto Bru Zane de ses magnifiques éditions d’opéras rares mais c’est une initiative très spécifique avec quelques grands donateurs. Quant aux albums solos, vous l’avez dit : les barytons ne sont pas gâtés. Je me rappelle que Ludovic Tézier, lui-même, avait un projet de sortie d’un album, tout Verdi je crois mais finalement rien n’est sorti ! 
Pourtant le marché n’est pas inondé…c’est assez bizarre en soi parce qu’il ne manque pas d’airs sublimes de barytons et qu’il y a peu de concurrence dans cette tessiture mais le fait est que les étiquettes de disques classiques ne tablent pas sur nos voix ! 
Tous les ténors ont au moins un CD, Fabiano ou Bryan Hymel par exemple et Bernheim va bientôt sortir le sien. 
Moi j’en ai un mais c’est du quatuor à cordes avec des chansons, j’avais pas ma meilleure équipe technique, c’était en 2013. J’en réussirai un sans doute mais sur un projet spécial.
Ma femme Nicole a, elle, par contre réussi à enregistrer un album solo, « the Kiss », qui regroupe pas mal d’airs célèbres du répertoire de soprano lyrique.

Cher Etienne, je vous souhaite un excellent « Posa » ! Merci encore de nous avoir accordé cet entretien et bonnes répétitions !

Propos recueillis par Hélène Adam le 7 octobre pour le site ODB.
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php?f=21&t=22198#p376437
Photos de Yan Bleney.


Références d’enregistrements cités dans l’entretien
CD de Etienne Dupuis chez Atma classique : Love Blows as the Wind Blows by Etienne Dupuis (2015-08-03)
Enregistrements Bru Zane : La Reine de Chypre (Halevy) et Thérèse (Massenet).
CD de Nicole Car : the Kiss - ABC Classics.


Notes : 
(1)   Starmania en version opéra de Luc Plamondon (paroles) et Michel Berger (musique), arrangements de Simon Leclerc, mise en scène de  Michel Lemieux et Victor Pilon avec  Marc Hervieux, Lyne Fortin, Marie-Josée Lord, Étienne Dupuis, Raphaëlle Paquette, Pascal Charbonneau et Krista de Silva
(2)   « Les Feluettes » est à l’origine une pièce de théâtre de Michel Marc Bouchard, dramaturge canadien, qui a été portée à l’écran en 1996 par John Greyson puis mis en musique pour un opéra par Kevin March. La création mondiale de cet opéra a eu lieu à Montréal en mai 2016, dans la mise en scène de Serge Denoncourt, avec Etienne Dupuis et Jean-Michel Richer
(3) http://www.odbopera.com/viewtopic.phpf=6&t=715&p=17693&hilit=Etienne+Dupuis#p17693




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