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Affichage des articles du 2024

Opéra de Munich : une « Aida » (Verdi) dominée par l’Amnéris bouleversante de Elīna Garanča

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  Dans une mise en scène très discutable de Damiano Michieletto, cette deuxième reprise d’Aïda à Munich était brillamment dirigée par le chef italien Francesco Ivan Ciampa et offrait une distribution dominée par l’extraordinaire Amnéris de Elīna Garanča. Aïda, si difficile à mettre en scène ? Mes récentes expériences d’Aïda me laissent penser que se risquer à une « modernisation » et surtout un changement volontaire de décor, de cette œuvre composée par Verdi sur commande du vice-roi d'Egypte, Ismaïl Pacha, pour l'inauguration du nouveau théâtre du Caire et donc volontairement très « égyptienne », n’est pas évident et généralement raté.  Je citerai en vrac celle d’Olivier Py en 2013 puis celle de Lotte de Beer en 2020, toutes deux à l’Opéra de Paris Bastille, mais aussi celles de Lydia Steier dont j’ai parlé récemment en assistant à une reprise à l’Opéra de Francfort.  On peut ajouter les deux productions vues à plusieurs reprises à Munich, celle...

Munich : un « Macbeth » plein de « bruit et de fureur » servi par des voix magnifiques

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Le sombre drame de Verdi, illustré par la vision macabre de Martin Kušej, empruntée aux films d’horreur, ne laisse personne indifférent : force de la musique instrumentale, des chœurs obsédants des sorcières, des personnages hauts en couleur, ce Macbeth vous marque d’une empreinte indélébile. Dommage qu’une étrange conception du « découpage » scénique conduise à de trop nombreux « jetés de rideau » qui nuisent à la cohérence dramatique.   De Shakespeare à Verdi  L’une des citations les plus célèbres de Shakespeare est partie prenante du désespoir du Macbeth de Verdi quand il comprend qu’il a tout perdu : « La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus. C'est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ». Pour l’opéra de Munich, cette mise en scène de Martin Kušej qui a fait scandale à sa création en 2007...

Pour son nouveau « Ring », Munich nous offre un « Rheingold » tout en or !

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Créer un nouveau Ring est toujours un événement considérable pour un directeur d’opéra et Serge Dorny en poste depuis 2021, a rencontré son premier vrai immense succès unanime avec le Prologue, « Das Rheingold »,     proposé depuis le 27 octobre à Munich, dans le lieu de sa création d’origine en septembre 1869.   En confiant la mise en scène à Tobias Kratzer et la direction musicale à Vladimir Jurowski, il s’est assuré d’une qualité exceptionnelle qui nous conduit aussitôt à attendre avec impatience la suite de cette tétralogie avec les trois « festivals scéniques » qui suivent cette présentation, les trois journées qui composent avec lui le célèbre Ring des Nibelungen (Anneau des Nibelung). Les trois prochaines saisons devraient ainsi présenter successivement Die Walküre ( 2025-26), Siegfried (2026-27) et Götterdamerung (2027-28).   L’intelligente scénographie de Tobias Kratzer Le régisseur allemand nous a habitué à de très intéressantes illustrations...

Munich : Un « Élixir d’amour » rempli de vitamines !

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  L’opéra de Munich reprenait pour quatre représentations l’Elixir d’Amour de Donizetti sous la direction du très énergique Michele Spotti, avec une très belle distribution. Plaisir d’une soirée réussie. Un succès imprévu !  Donizetti n’était pas totalement satisfait de son «  Elisir d’amore  » quand les premières répétitions ont commencé en 1832 à Milan. Compositeur prolifique, il composait plusieurs œuvres lyriques par an et cet opéra bouffe (ou « Dramma Giocoso ») fut achevé précipitamment par le librettiste poète érudit Felice Romani, s’inspirant lui-même du livret écrit par Eugène Scribe pour « Le Philtre » d’Auber. Le compositeur italien, l’un des rois du bel canto, s’inquiétait de l’avenir de l’une de ses œuvres aujourd’hui les plus souvent jouées et devenu un véritable classique incontournable de la comédie douce-amère, basée sur les personnages de la commedia dell’arte qui auraient eux-même absorbé un filtre magique leur conférant des sen...

4 novembre : Jonas Kaufmann au théâtre du Châtelet en hommage à Puccini

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La tournée de concerts que donne actuellement Jonas Kaufmann en hommage à Giacomo Puccini dont on fête le centenaire de la disparition, passait par Paris, théâtre du Châtelet qui, à cette occasion, affichait complet dans l’effervescence des grands soirs. Le grand ténor se fait rare en France et il était fêté comme l’immense star qu’il est depuis deux décennies maintenant dans le monde de l’art lyrique.   Un phénomène… Notre confrère Michael Atzinger conclue l’article qu’il consacre au concert précédent, celui de la Philharmonie de Munich, le 2 novembre, par ces mots : Er ist und bleibt ein Phänomen (il est et reste un phénomène). Il est incontestable que Jonas Kaufmann impressionne par ses capacités à toujours rebondir quand nombre d’observateurs jugent régulièrement que sa carrière est sur le point de se terminer. Certes, il n’aligne plus les glorieuses prises de rôles des années 2010 à 2017 où il réussissait à inaugurer sa propre (et toujours remarquée) interprétation de ...