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Munich, « Katja Kabanová » : Une fusion parfaite entre la soprano Corinne Winters et le metteur en scène Warlikowski

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Avec une mise en scène sombre et romantique,  Warlikowski réussit une Katja Kabanova passionnante dont on partage pas à pas le cheminement vers le drame final, en fusion avec Corinne Winters, qui confirme sa place de meilleure interprète actuelle de l’héroïne de Janáček.     La jeune femme qui rêve d’un ailleurs Katja Kabano vá est le sixième opéra du compositeur tchèque Leoš Janáček, adapté de L’orage, une pièce d’Ostrovski.  C’est l’histoire d’une jeune femme qui a dû renoncer à ses rêves de liberté et d’émancipation en épousant le notable d’une petite ville, lui-même sous la coupe d’une mère autoritaire et abusive. Elle profite de l’éloignement provisoire de son mari pour accepter les avances de Boris, lui aussi soumis aux humeurs féroces de son oncle, riche négociant. Sa confidente est son ami Varvara qui a elle aussi, un amant. Au retour du mari, c’est le désespoir pour Katja qui sombre dans la dépression et met fin à ses jours en se jetant dans la Volga. Histoi...

Munich : on aime « La Bohème » si joliment interprétée !

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Ambiance des grands soirs ce lundi à Munich où l’opéra de Bavière reprenait la splendide scénographie d’Otto Schenk, récemment disparu, pour l’œuvre la plus populaire de Puccini, La Bohème, avec une fort belle distribution comprenant Angel Blue, Pene Pati et Mattia Olivieri. Que du bonheur sous la direction de Carlo Rizzi !   L’insouciance de la jeunesse et soudain… le drame La Bohème c’est Montmartre, « la vie de bohème » de quatre artistes jeunes, et insouciants qui tentent de survivre de leur art avec passion, enthousiasme, humour et… amour. Et leur quotidien drôle et tendre est soudain perturbé par l’arrivée de Lucia, dite “Mimi”, cousette, qui grimpe un soir jusqu’à leur mansarde. Rodolfo le poète tombe éperdument amoureux d’elle, Marcello le peintre, lui, file des amours orageuses avec la volcanique Musette. Et puis il y a des drames, des querelles, un acte 3 plus grave qui annonce le drame à venir. Mimi est malade mais Rodolfo ne comprend pas à quel point. L’a...

Munich : Un « Bal Masqué » onirique et mystérieux, Ludovic Tézier et Nicole Car dominent la distribution

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Créé en 1859 à Rome, « Un ballo in maschera » (le Bal Masqué) est l’un des derniers opéras de Giuseppe Verdi, composé juste avant la « Forza del destino » dont il partage les thèmes dominants. Chœurs et solistes s’y taillent la part du lion avec des airs superbes où se sont illustrés de grands noms de l’art lyrique. Depuis la création en 2016 d’une très esthétisante et intéressante mise en scène, Munich reprend régulièrement l’œuvre pour quelques représentations avec de nouvelles distributions à la hauteur de la réputation de la maison. Car, disons-le franchement, on vient aussi (d’abord ?) pour les chanteurs (et acteurs).   Originalité et beauté de la mise en scène La mise en scène de Johannes Erath , créée à Munich en mars 2016, avait été copieusement huée lors de la Première. Depuis, comme c’est souvent le cas, elle s’est installée et la beauté artistique de ses décors « Berlin des années vingt » lui donne un charme et une élégance qui n’a pas ...

Opéra de Munich : une « Aida » (Verdi) dominée par l’Amnéris bouleversante de Elīna Garanča

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  Dans une mise en scène très discutable de Damiano Michieletto, cette deuxième reprise d’Aïda à Munich était brillamment dirigée par le chef italien Francesco Ivan Ciampa et offrait une distribution dominée par l’extraordinaire Amnéris de Elīna Garanča. Aïda, si difficile à mettre en scène ? Mes récentes expériences d’Aïda me laissent penser que se risquer à une « modernisation » et surtout un changement volontaire de décor, de cette œuvre composée par Verdi sur commande du vice-roi d'Egypte, Ismaïl Pacha, pour l'inauguration du nouveau théâtre du Caire et donc volontairement très « égyptienne », n’est pas évident et généralement raté.  Je citerai en vrac celle d’Olivier Py en 2013 puis celle de Lotte de Beer en 2020, toutes deux à l’Opéra de Paris Bastille, mais aussi celles de Lydia Steier dont j’ai parlé récemment en assistant à une reprise à l’Opéra de Francfort.  On peut ajouter les deux productions vues à plusieurs reprises à Munich, celle...

Munich : un « Macbeth » plein de « bruit et de fureur » servi par des voix magnifiques

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Le sombre drame de Verdi, illustré par la vision macabre de Martin Kušej, empruntée aux films d’horreur, ne laisse personne indifférent : force de la musique instrumentale, des chœurs obsédants des sorcières, des personnages hauts en couleur, ce Macbeth vous marque d’une empreinte indélébile. Dommage qu’une étrange conception du « découpage » scénique conduise à de trop nombreux « jetés de rideau » qui nuisent à la cohérence dramatique.   De Shakespeare à Verdi  L’une des citations les plus célèbres de Shakespeare est partie prenante du désespoir du Macbeth de Verdi quand il comprend qu’il a tout perdu : « La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus. C'est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ». Pour l’opéra de Munich, cette mise en scène de Martin Kušej qui a fait scandale à sa création en 2007...

Pour son nouveau « Ring », Munich nous offre un « Rheingold » tout en or !

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Créer un nouveau Ring est toujours un événement considérable pour un directeur d’opéra et Serge Dorny en poste depuis 2021, a rencontré son premier vrai immense succès unanime avec le Prologue, « Das Rheingold »,     proposé depuis le 27 octobre à Munich, dans le lieu de sa création d’origine en septembre 1869.   En confiant la mise en scène à Tobias Kratzer et la direction musicale à Vladimir Jurowski, il s’est assuré d’une qualité exceptionnelle qui nous conduit aussitôt à attendre avec impatience la suite de cette tétralogie avec les trois « festivals scéniques » qui suivent cette présentation, les trois journées qui composent avec lui le célèbre Ring des Nibelungen (Anneau des Nibelung). Les trois prochaines saisons devraient ainsi présenter successivement Die Walküre ( 2025-26), Siegfried (2026-27) et Götterdamerung (2027-28).   L’intelligente scénographie de Tobias Kratzer Le régisseur allemand nous a habitué à de très intéressantes illustrations...