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Pour son nouveau « Ring », Munich nous offre un « Rheingold » tout en or !

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Créer un nouveau Ring est toujours un événement considérable pour un directeur d’opéra et Serge Dorny en poste depuis 2021, a rencontré son premier vrai immense succès unanime avec le Prologue, « Das Rheingold »,     proposé depuis le 27 octobre à Munich, dans le lieu de sa création d’origine en septembre 1869.   En confiant la mise en scène à Tobias Kratzer et la direction musicale à Vladimir Jurowski, il s’est assuré d’une qualité exceptionnelle qui nous conduit aussitôt à attendre avec impatience la suite de cette tétralogie avec les trois « festivals scéniques » qui suivent cette présentation, les trois journées qui composent avec lui le célèbre Ring des Nibelungen (Anneau des Nibelung). Les trois prochaines saisons devraient ainsi présenter successivement Die Walküre ( 2025-26), Siegfried (2026-27) et Götterdamerung (2027-28).   L’intelligente scénographie de Tobias Kratzer Le régisseur allemand nous a habitué à de très intéressantes illustrations de divers répertoires (tels que F

Munich : Un « Élixir d’amour » rempli de vitamines !

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  L’opéra de Munich reprenait pour quatre représentations l’Elixir d’Amour de Donizetti sous la direction du très énergique Michele Spotti, avec une très belle distribution. Plaisir d’une soirée réussie. Un succès imprévu !  Donizetti n’était pas totalement satisfait de son «  Elisir d’amore  » quand les premières répétitions ont commencé en 1832 à Milan. Compositeur prolifique, il composait plusieurs œuvres lyriques par an et cet opéra bouffe (ou « Dramma Giocoso ») fut achevé précipitamment par le librettiste poète érudit Felice Romani, s’inspirant lui-même du livret écrit par Eugène Scribe pour « Le Philtre » d’Auber. Le compositeur italien, l’un des rois du bel canto, s’inquiétait de l’avenir de l’une de ses œuvres aujourd’hui les plus souvent jouées et devenu un véritable classique incontournable de la comédie douce-amère, basée sur les personnages de la commedia dell’arte qui auraient eux-même absorbé un filtre magique leur conférant des sentiments d’une profondeur largement supé

4 novembre : Jonas Kaufmann au théâtre du Châtelet en hommage à Puccini

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La tournée de concerts que donne actuellement Jonas Kaufmann en hommage à Giacomo Puccini dont on fête le centenaire de la disparition, passait par Paris, théâtre du Châtelet qui, à cette occasion, affichait complet dans l’effervescence des grands soirs. Le grand ténor se fait rare en France et il était fêté comme l’immense star qu’il est depuis deux décennies maintenant dans le monde de l’art lyrique.   Un phénomène… Notre confrère Michael Atzinger conclue l’article qu’il consacre au concert précédent, celui de la Philharmonie de Munich, le 2 novembre, par ces mots : Er ist und bleibt ein Phänomen (il est et reste un phénomène). Il est incontestable que Jonas Kaufmann impressionne par ses capacités à toujours rebondir quand nombre d’observateurs jugent régulièrement que sa carrière est sur le point de se terminer. Certes, il n’aligne plus les glorieuses prises de rôles des années 2010 à 2017 où il réussissait à inaugurer sa propre (et toujours remarquée) interprétation de rôles suc

« La Haine », un opéra-rap choc à la Seine Musicale qui rappelle que tout reste à faire

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En 1995, sortait un film devenu immédiatement culte pour les adolescents et les jeunes d’alors, qui racontait sans fard et sans complaisance, la journée de trois jeunes de banlieue, en virée, et l’issue fatale pour l’un d’eux. Sur scène, la transposition est efficace et convaincante et a valu à l’ensemble des acteurs, chanteurs, danseurs et concepteurs, une chaleureuse standing ovation de la part d’un public qui a retrouvé ses émotions de jeunesse.   « Jusqu’ici rien n’a changé » C’est l’histoire d’un homme qui se jette du haut d’un building de cinquante étages et qui à chaque étage se dit « jusqu’ici tout va bien », l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.   Ainsi commence « la Haine » de Matthieu Kassovitz. Tourné en noir et blanc, situé au sein d’un grand ensemble de la banlieue parisienne avec une incursion dans la capitale, il témoignait au travers du récit de l’épopée tragique de trois jeunes, Vinz, Said et Hubert, archétypes des gosses des « quartiers », de la vi

Jarrel et Mahler, face à face très réussi pour la rentrée de l’EIC sous la direction de Pierre Bleuse

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L’Ensemble intercontemporain ouvrait sa saison avec deux créations du compositeur suisse Michael Jarrel, plus exactement deux « réductions » d’œuvres créées précédemment : son propre concerto pour piano et orchestre Reflections, créé en 2019 et la symphonie N°4 de Gustav Mahler dans la version créée en 1901 à Munich. Entreprise originale que ces deux « réductions » fort bien interprétées par un Ensemble intercontemporain qui montre sa capacité à passer d’une musique contemporaine très déstructurée à une conception plus classique même si elle comporte les audaces incontestables de Gustav Mahler notamment son dernier mouvement avec voix de soprano. Pierre Bleuse, l’inventif directeur musical de l’EIC, ouvre ainsi brillamment la nouvelle saison du répertoire contemporain. Il avait déjà mis en parallèle l’univers de Mahler, et sa symphonie Titan avec la première version du concerto de Jarrel. Intéressante mise en perspective d’œuvres traversées par une sorte de flux nerveux très prégnant.